Comme je vous le disais dans cet article, en vous parlant du projet de The French book club, club Facebook dédié à la lecture, nous avons élu deux romans pour le challenge estival, avec deux thèmes à la clé: Voyage à travers le monde, et Histoires de femmes. Deux beaux thèmes choisis par les filles, et je suis très heureuse que "Bakhita" ai été élu dans ce second thème. C'est un livre que je souhaitais lire depuis longtemps. J'ai eu de la chance, ma mère l'avait acheté et déjà lu. Comme quoi, ça vaut parfois le coup d'attendre un peu avant d'acheter un livre surtout quand on en a déjà des dizaines et des dizaines à lire. True story...
Bref, dans ce premier roman du challenge, on va suivre l'histoire vraie de Bakhita, ancienne esclave arrachée à son village du Darfour alors qu'elle avait sept ans. Histoire racontée d'abord dans un livre sur les déclarations de Bakhita elle-même au XXème siècle. Véronique Olmi nous raconte donc son histoire, que j'ignorais complètement.
La petite fille ne comprend d'abord pas ce qu'il se passe, pourquoi elle est enlevée à sa famille. Sa grande soeur Kishmet avant elle, a été enlevée par des trafiquants musulmans, ce qui est son cas deux trois ans plus tard. Elle comprend cependant qu'il ne faut pas qu'elle résiste car les autres personnes enlevées elles aussi et enchaînées, se rebellant, se font copieusement battre. Bakhita et les autres sont emmenés loin du village d'origine de la petite fille, vers une destination inconnue. Elle n'entend plus parler ceux qui sont autour d'elle, la même langue qu'elle, mais l'arabe puis le turc. Le groupe a en effet traversé le Soudan à pied pendant des semaines, ceux qui bronchaient se faisant tuer, comme une mère et son bébé qui n'arrêtait pas de pleurer. Scène d'ailleurs assez affreuse.
Elle va ensuite être vendue avec son amie Binah à un général pour ses filles. Pendant deux ans elle va être à leur service, étant véritablement leur esclave, dormant avec les autres esclaves dans une cabane dans les pires conditions. Elle se fait tatouer par la maîtresse de la pire des façons, scène qui m'a rendue malade...
Mais un jour sa compagne de toujours, Binah, petite fille comme elle, part. Elle se retrouve alors seule. Elle apprend le turc après avoir appris l'arabe, elle oublie peu à peu sa famille, ses racines, d'où elle vient, moment terrible pour la petite fille.
Elle va être achetée par un riche consul d'Italie, Calisto Legnani en 1883, où elle va enfin pouvoir goûter à la liberté et qui va mettre fin à ses sévices. Le consul habite au Soudan, mais doit rejoindre sa femme en Italie. Bakhita le supplie de l'emmener avec lui. Il cède, et l'Italie devient sa nouvelle maison qu'elle ne quittera plus pendant des décennies. De là, elle sera la gouvernante d'une famille d'amis du consul, les Michieli, où elle ne sera plus jamais battue et humiliée.
Elle retrouve un semblant d'estime et de liberté, même si elle a beaucoup de mal à s'y habituer. Elle va ensuite entrer dans les ordres, au sein de l'église et devenir "mère", après s'être occupée de Mimmina, une petite fille pendant plusieurs années. Sa maîtresse, la mère de Mimmina repart au Soudan, et Bakhita refuse de la suivre. Elle a alors vingt quatre ans et décide de devenir pieuse après avoir été baptisée.
Sa vie est alors complètement transformée, elle est l'égale de ses pairs, même si sa couleur de peau choque et étonne. On va suivre la vie, et l'incroyable parcours de Bakhita qui après un procès retentissant deviendra libre. Les esclaves n'existant pas en Italie. Elle ne s'appelle d'ailleurs plus Bakhita mais Madre Giuseppina, après avoir été la Moretta lorsqu'elle était gouvernante.
Elle traverse les deux guerres mondiales, ses frayeurs et appréhensions, s'habitue à sa nouvelle vie, comprend de mieux en mieux l'italien puis le vénitien, aide à l'église, s'occupe des petites filles, des orphelines...
Elle meurt en 1947 à l'âge de 78 ans.
Avis: Une incroyable histoire pourtant vraie, dont je n'avais malheureusement jamais entendue parler avant. Il est rare que je lise des biographies, mais celle-ci est particulièrement poignante, émouvante et magnifique, de la vie d'une petite fille ayant traversé le pire, s'étant reconstruite grâce à de bonnes personnes, sa volonté et sa ténacité. Elle s'est toujours battue pour ce en quoi elle croyait, ce pourquoi elle était faite, aider les autres. Une lecture forcément très dure, que je ne vous conseille pas forcément de faire l'été, mais qui est un récit nécessaire je pense.
"Bakhita" de Véronique Olmi, 8,70€
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