Manderley for ever

Dans la vidéo que je poste, demain, vous le verrez sur ma chaîne, je vous parle de mon défi de cette année 2020, qui est de lire plus de classiques, comme depuis trois ans. C'est un vrai challenge mais une envie également. Je dis notamment que je souhaite lire plus de livres de l'auteur franco-britannique, Daphné du Maurier. C'était l'idéal d'en apprendre plus sur elle, dans cette biographie de cette très grande dame de la littérature du XXème siècle, écrite par Tatiana du Rosnay. 

Je l'avais dans ma bibliothèque depuis quasiment deux ans, autre défi, celui de lire des livres que j'ai depuis longtemps. Ayant déjà lu "Rebecca" son plus grand roman, ainsi que son tout premier "L'amour dans l'âme" et son recueil de nouvelles composé des "Oiseaux", notamment, j'avais très envie de lire plus d'écrits d'elle. Mais quoi de mieux qu'une biographie afin d'en apprendre plus sur elle? 

J'ai donc dévoré la vie de cette dame que j'admire tant, de par son style d'écriture très moderne, et qui incarne pour moi la modernité, la féminité mais tellement d'autres aspects également. 

Dans ce livre de plus de 500 pages, fortement bien documenté, l'auteure française nous parle de tout. De l'enfance de Daphné à Londres tout d'abord à Cumberland Terrace, magnifique demeure immaculée, telle une ambassade, longeant Regent's Park puis à Cannon Hall, toujours à proximité d'un parc mais à Hampstead cette fois-ci, plus au nord. Son père Gerald a des origines françaises, vu son nom, sa mère Muriel est anglaise. Tous deux acteurs, les Du Maurier sont assez modernes pour leur époque, jouissent d'une aisance financière, embauchant une nanny pour leurs trois filles: Angela, Daphné et Jeanne. La jeune Daphné ne veut pas être une fille. Elle souhaite porter des pantalons, vadrouiller et ne pas être considérée comme une petite chose fragile. Elle s'imagine être un garçon du nom de Eric Avon, sorte d'alter-ego qui la suivra toute sa vie. Elle est très proche de son père, et écrit dès très jeune, notamment des poèmes à son intention. Elle s'intéresse à ses origines françaises, tellement qu'elle va même jusqu'à faire des pieds et des mains afin d'étudier dans un pensionnat en France durant quelques mois. Elle y fait la connaissance de Fernande, femme plus âgée qu'elle, tout d'abord sorte de figure maternelle et de mécène pour la jeune Daphné même pas 20 ans, puis amante. La jeune fille a cette soif d'apprendre, d'écrire, de découvrir. Elle va débuter une sorte de relation avec Fernande, ce que j'ai trouvé très moderne et osé pour l'époque, écoutant ses sentiments. 

Elle fait les allers retours entre la France et Londres, désormais à Cannon Hall dans une grande maison de brique. Son père boit, et s'éloigne un peu donc de sa fille chérie. Daphné souhaite être indépendante et va s'en donner les moyens. 

Ses parents achètent une maison nommée Ferryside à Fowey, en Cornouailles petite ville à quatre heures de train de Londres. Daphné s'y rend, et se retrouve subjuguée. C'est là qu'elle écrira son premier roman, seule, libre, indépendante. Elle craint les moments où sa famille notamment sa mère et ses sœurs la rejoignent, préférant la solitude pour écrire. Ce qui sera toujours le cas tout au long de sa vie. 

Daphné convainc ses parents d'habiter ensuite seule dans cette grande maison, tandis qu'ils la rejoignent seulement de temps en temps pour les vacances. Cette maison aura beaucoup d'importance dans le processus d'écriture de Daphné. Elle continue d'écrire, la fièvre de l'écrivain l'étreignant. 

Les lieux l'inspirent, la font vibrer, et continue ardemment. Elle est désormais reconnue dans le monde de la littérature. Elle rencontre ensuite celui qui sera son mari, Tommy Browning. Elle aura trois enfants, Tessa, Flavia et Kits, mais sera surtout intéressée par l'écriture. Ses filles ne l'intéressent pas vraiment, mais l'instinct maternel surgit à la naissance de son fils. Désormais ils habitent Menabilly, maison immense dont elle se sera battue pour y habiter. Elle y vivra 26 ans, restaurant la maison même si celle-ci appartient à ses propriétaires, les Rashleigh. Cette maison inspira fortement "Rebecca" pour Manderley. 

Daphné vieillit, tout en continuant d'écrire de plus en plus, balayant les critiques négatives de ses romans, ne comprenant pas son style. Elle continue d'envoyer ses manuscrits au rythme de un par an généralement, entre son père qui décède, son mari envoyé à la guerre, et ses enfants à s'occuper. 

Mais Daphné ne lâchera jamais. Son inspiration est à son maximum, que ce soit par des rencontres, des lieux, des voyages, elle se sert de ce qu'elle vit pour créer de toute pièce une histoire.
Elle embauche une nanny, une cuisinière, entretient sa famille, est complètement libre comme elle le souhaitait. Elle a quelques aventures, bouge de temps en temps en France, ou ailleurs, toujours proche de Fernande, de Carol, un homme qu'elle a failli épouser. 

Les années passent, Madame Browning désormais n'a plus rien à prouver, ses romans et nouvelles étant adaptés au cinéma notamment par Hitchcock, qu'elle n'apprécie pas du tout, ruinant ses oeuvres. 

Elle vend par dizaines de milliers, les chèques de font de plus en plus importants, étant admirée et demandée par tous les magazines. Elle est de nature renfermée et très ermite, elle refusera donc beaucoup de ces interviews, mais en acceptant d'autres, notamment de Marie-France, magazine français, la ramenant à ses origines dont elle est si fière. 

Elle se terre dans une pièce afin d'écrire, lorsque les idées fusent, elle ne peut les ignorer. Elle ne voit donc pas beaucoup ses enfants, n'étant pas très proche de son mari quand celui-ci revient en Angleterre. Par contre, elle reste proche de ses soeurs et de sa mère, et de ses amis. 

Daphné du Maurier était de ces femmes, pionnières et féministes qui étaient prêtes à tout pour se réaliser. Elle aura donc écrit plus d'une quinzaine de romans, des nouvelles, des essais, des pièces de théâtre, la biographie de Branwell Bronte, frère des Bronte, une biographie familiale et tant d'autres...
On y apprend qu'elle a connu la reine Elizabeth II ainsi que son mari le prince Philip, car Tommy le mari de Daphné faisait partie de l'armée et a obtenu une distinction honorifique.  

Avis: Une biographie passionnante, dans laquelle j'ai pu en apprendre énormément sur cette jeune femme atypique et pionnière de son époque, sur sa façon d'écrire, sur son histoire, ses doutes, ses réussites... Celle dont les romans furent sans arrêt comparés à "Rebecca", sa plus grande oeuvre selon les critiques littéraires de l'époque, ne s'est jamais arrêtée. Jusqu'à sa mort, elle aura été dynamique, toujours à écrire, rarement les moments de vide d'écriture auront existé dans sa vie, sauf après la mort de son mari. Je vous la recommande vivement afin d'en apprendre plus sur elle bien sûr, mais sur également la vie de l'époque, les descriptions des lieux...

"Manderley for ever" de Tatiana du Rosnay, 8.70€