Je pense que vous connaissez ma passion pour l'auteur japonais Haruki Murakami, ou alors c'est que vous ne me connaissez pas si bien ahah. En parlant de ça, je vais bientôt vous sortir une vidéo sur ma chaîne FAQ, dans laquelle je vous en dirai un peu plus sur moi pour celles et ceux que cela peut intéresser. Bref, ceci n'est pas le sujet. Je vous avais donc réalisé une vidéo il y a deux ans mais toujours valable, sur Haruki Murakami, dans laquelle je vous présente l'auteur ainsi que ses écrits et son style littéraire. Entre temps j'ai pu en lire d'autres, mais actuellement je crois les avoir quasiment tous lus.
J'avais Underground dans ma bibliothèque depuis bien trop longtemps, j'avais donc envie de me plonger dedans. Bien que le style soit tout à fait différent; on quitte le mélange entre fantastique et réalisme, avec toujours poétique et de l'onirisme, et on se replonge en 1995, mon année de naissance, à Tokyo, le 20 mars exactement, lors de l'attaque du métro au gaz sarin par des adeptes de la secte d'Aum, une branche bouddhiste. Murakami, très choqué de cette attaque, le Japon étant l'un des pays les plus sécurisés au monde, on peut comprendre qu'une attaque terroriste de la sorte ait pu choquer le pays. Pourtant il a été très surpris que les médias aient peu à peu oublié cet épisode, le considérant comme "unique". Murakami s'est fait un devoir de faire connaître cet évènement au maximum afin qu'il n'ait plus jamais lieu. Son but était donc de recueillir des témoignages de victimes de l'attaque, afin de donner la lumière sur elles et sur ce qu'il s'est passé. Certaines n'ont pas jugé nécessaire de témoigner, se considérant comme victimes légères ou ayant peur des représailles par les adeptes d'Aum.
L'auteur a donc recueilli 60 témoignages entre janvier et décembre 1996 soit un an après les évènements. Tous racontent le début de journée de la personne, comment elle s'est retrouvée sur cette fameuse ligne de métro ou même dans la rame dans laquelle le gaz a été lâché. Certaines ont eu des séquelles légères comme une vision amoindrie et des maux de tête, mais certains autres ont été plus gravement touchés. Grâce à ces témoignages, on peut retracer facilement le fil des évènements dans le métro tokyoïte. Plusieurs hommes haut placés dans la secte devaient percer des poches de gaz sarin, gaz mortel si inhalé afin de causer la maximum de victimes. La raison? Inconnue, même à la fin du livre malgré les témoignages des adeptes dans la dernière partie.
Le livre n'a pas trop été répétitif, malgré les témoignages de personnes ayant vécu le même drame quasiment au même endroit, de par leurs personnalités et vies différentes, leurs ressentis et trauma différent. Ce qui ressort des témoignages est le fait que les japonais ont du mal à exprimer ce qu'ils ont vécu, ayant peut être l'impression de se plaindre, la communauté prévalant sur l'individu là-bas. Enfin ça dépend comment on voit les choses. Et également la situation très mal gérée par la ville, la police ainsi que les hôpitaux n'ayant jamais été confrontés à 200 personnes intoxiquées à ce gaz et devant très vite agir. Toutes ayant eu les mêmes symptômes, devant choisir qui guérir en premier en fonction de la gravité de l'état de la victime, trouver le bon traitement... Beaucoup de personnes interrogées, toutes quasiment ne vivent plus pareil depuis, soit à cause de maux de tête récurrents, une vision ou des réflexes touchés, et toutes ont du arrêter de travailler pendant un temps, ce qui est compliqué au Japon. Toutes ont également des visions différentes sur ce qui devrait arriver aux coupables. Certaines souhaitent les voir morts, tandis que d'autres se focalisent sur le présent.
Ensuite, dans la dernière partie de son roman, l'auteur ayant assisté au procès des membres d'Aum impliqués, a décidé, bien qu'il ne souhaitait pas le faire au début, de donner la parole à certains membres de cette fameuse secte. Il a souhaité comprendre, et donner au lecteur à comprendre également, comment des personnes saines, souvent très éduquées de par des études secondaires, ont pu adhérer à un groupe coupé de la société ayant intenté cet attentat. Bien sûr, les personnes interrogées n'étaient pas les coupables directs, puisque ceux-ci ont été soit condamnés à perpétuité soit à mort. On ne rigole pas au Japon. Cette partie est particulièrement intéressante, pour avoir le point de vue de personnes, toutes s'étant senties différentes dès l'enfance, ayant adhéré à une communauté plus élevée spirituellement que le bas monde dans lequel ils vivaient. J'avoue que je pensais que j'allais les juger et les trouver stupides pour le dire clairement, comme je juge ceux qui adhèrent à n'importe quelle secte, mais finalement certains points de vue et idées n'étaient pas si éloignées des miennes. Ce n'est pas pour autant que j'adhèrerai à une secte bien sûr. Murakami a chaque fois les interrogeaient sur leur vision d'Aum, leur histoire, ce qu'ils étaient chargés de faire, et demandait toujours si la personne regrettait d'avoir adhéré à la secte. A chaque fois, même réponse: non.
Malgré cet attentat ayant entaché leur vision du leader et de certains fondements du mouvement ayant dérivé, leurs souvenirs restent pourtant heureux du début de leur temps là-bas.
Avis: Un recueil de témoignages très intéressant mêlant donc témoignages de victimes sur les 3/4 du roman, largement, à une explication de la situation écrite par Murakami, et pour finir, quelques témoignages d'adeptes d'Aum toujours actifs ou anciens. Grâce à cette lecture j'ai appris ces évènements dramatiques, très rares au Japon, mais beaucoup moins ici, je ne vous apprends rien. Je ne me suis pas ennuyée une seule seconde et je vous recommande vivement de le lire pour apprendre pleins de choses.
"Underground" de Haruki Murakami, 9,10€
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