Il est rare de trouver des romans coréens en librairies, je vous le dis régulièrement en stories Instagram. Je ne sais pas pourquoi la littérature coréenne est si peu présente et traduite en France et c'est bien dommage. Le jour où je serai bilingue, je proposerai peut être de traduire des romans ahah. En attendant, les rares que je trouve je les prends, car flemme de commander sur internet. J'ai trouvé celui-ci dans une grande et jolie librairie de Paris VI en me baladant au hasard. La rare maison d'éditions proposant des romans coréens, et asiatiques de façon générale est Picquier. J'aime beaucoup cette maison d'éditions avec de jolies couvertures, une bonne qualité de livre et de papier. Je vais donc vous parler du "Camp de l'humiliation" de Kim Yu-Kyeong, transfuge nord-coréenne ( d'origine nord coréenne mais qui a passé la frontière sud coréenne).
Dans ce roman difficile, elle raconte, à partir de réels témoignages la vraie vie de la Corée du Nord, notamment dans les camps de prisonniers politiques étant accusés d'être opposés au régime. Je ne vous apprends rien, la Corée du Nord est une dictature très stricte et abjecte depuis longtemps maintenant et la vie y est très dure. Ce témoignage est d'autant plus intéressant et percutant qu'il est écrit par une citoyenne qui a pu vivre et rencontrer des situations similaires à ce qui y est raconté. Ce genre de récits est vraiment précieux pour le monde et les lecteurs, car c'est grâce à ceux-ci qu'on peut se rendre compte d'une réalité très difficile d'un pays, surtout d'un pays aussi fermé que la Corée du Nord, duquel très peu d'informations ne filtrent, et dans ce cas seulement les bonnes comme leur bon réseau de métro à Pyongyang, en omettant bien sûr la censure, le bourrage de crâne, les privations de libertés, la corruption, la famine...
On suit Wonho et sa famille, qui un jour sont emmenés par camion durant des heures en direction inconnue. Ils arrivent enfin dans un de ces fameux camps qui peuplent le pays loin de Pyongyang. Accompagné de sa mère et de sa femme Su-ryeon, tous trois vont découvrir leur nouveau quotidien qui sera désormais le leur. Ils ne savent pas vraiment la raison de cette punition, mais se doutent que c'est à cause du père de Wonho, suspecté d'espionnage en Corée du Sud. Ils vont donc vivre dans une toute petite cabane, serrés les uns contre les autres, vont devoir travailler de façon intensive, l'ambiance semblable à n'importe quel camp de prisonniers. On a l'impression de revenir des décennies auparavant comme les camps de concentration nazis... L'objectif est donc très simple. Survivre.
L'ambiance est donc très pesante, lourde et affreuse vous vous en doutez. Aucun détail ne manque, tout est raconté pour nous montrer au maximum les conditions de vie abjectes, et l'absurdité de ce système. La famine est présente durant toutes les années que Wonho et sa famille resteront, le froid, l'injustice, la violence, l'éreintement et j'en passe. Wonho va travailler dans plusieurs endroits différents au sein du camp et va être confronté à un gardien (bowiwon en coréen), Min-kyu, celui qui va devenir son ennemi juré. En effet, celui-ci a reconnu Su-ryeon lors de son arrivée, et n'en a pas cru ses yeux. Il la connaissait de sa vie d'avant hors du camp, alors qu'elle était musicienne, l'ayant passionnément aimée.
Une entente va se créer entre ces deux-là, Su-ryeon ignorant pourquoi ce garde la traite plus gentiment que les autres prisonniers, mais profite tout de même de ses faveurs à savoir un peu de nourriture, un vêtement... Jusqu'à ce que cela devienne plus physique... L'espoir de sortir du camp s'efface jour après jour, cet emprisonnement durant alors pendant des années... On a plusieurs points de vue celui de Su-ryeon, de son mari Wonho duquel elle va s'éloigner, et celui du bowiwon, Min-kyu, ce qui amène une grande richesse au récit.
Avis: Un roman vraiment passionnant qui permet d'en savoir plus sur le régime nord-coréen, même si on se doute de ce qu'il s'y passe. Savoir réellement les choses est bien différent. Je vous conseille vivement la lecture de ce roman qui nous ouvre les yeux et nous écœure au passage évidemment... On se rend compte même si on le savait aussi, contrairement aux personnages qui n'en sont pas conscients, de la réalité hors du camp, qui n'est guère plus reluisante...
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