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Je voulais juste vivre

 Je reviens enfin par ici, et m'excuse au passage de ce très long break sur le blog, n'ayant tout simplement pas terminé de livre avant, n'ayant donc pas eu de contenu à vous partager depuis maintenant. J'ai traîné durant tout le mois d'août "La conjuration des imbéciles" de John Kennedy Toole, que je n'ai actuellement toujours pas terminé, on adore...  Ni l'envie, ni la motivation, d'autres choses très stressantes à penser, ce n'était donc pas la priorité, et une façon de me déstresser. 

J'ai acheté "Je voulais juste vivre" de Yeonmi Park, ou plutôt en coréen Park Yeonmi ( le nom de famille étant toujours avant le prénom), en août et j'avais très envie de le lire. J'ai découvert cette jeune femme sur la chaîne du très intéressant Pape San, qui vit à Séoul et dont je regarde très souvent les vidéos. Il l'avait interviewée, et je suis tombée sous le charme de cette activiste nord-coréenne, qui tente d'éveiller les esprits quant à la situation dramatique de son pays. Elle vit actuellement aux Etats-Unis avec son mari et son fils où elle est journaliste, conférencière et activiste ( n'hésitez pas à regarder cette vidéo qui est hyper intéressante). Elle raconte donc dans ce très poignant récit de vie, comment à 13 ans en 2007, elle a fui la Corée du Nord pour la Chine avec sa maman, alors qu'elle sortait d'une opération de l'appendicite. Sa sœur aînée, Eunmi, s'était en effet enfuie elle aussi quelques jours avant, alors que Yeonmi était toujours à l'hôpital. Mais Yeonmi et sa mère ne l'ont jamais retrouvée après leur fuite.

Le récit est divisé en plusieurs parties, de la toute petite enfance de Yeonmi, de la présentation de sa famille et sa classe sociale, au régime dictatorial nord-coréen contrôlant les foules, allant des appartements hébergeant gratuitement les citoyens, mais n'ayant pas le choix de leur habitation aux portraits des grands "sauveurs" du régime, obligatoires dans chaque foyer, aux livres de propagande, au travail interminable, aux lois absurdes, à la censure, au contrôle des libertés et j'en passe, l'auteur nous fait un portrait clair du pays dans lequel elle vit, se rendant de plus en plus compte que quelque cloche, qu'elle n'est pas heureuse, qu'elle a constamment faim, est-ce ça la grandeur du régime? Qu'elle n'a rien le droit de faire, mais étant enfant et j'en passe. Sa famille et elle vivent à la frontière chinoise, elle voit donc une autre liberté, à laquelle elle n'a pas accès. Sa famille tente de survivre en se mettant à faire des petits trafics entre la Chine et la Corée du nord pour permettre un peu plus d'argent au foyer. Cependant, les temps sont toujours très durs, Yeonmi ne nous cache pas que sa famille et elle étaient toujours à deux doigts de mourir de faim et de froid. Ces passages-là sont d'ailleurs très difficiles. Sa mère part ensuite régulièrement et assez longtemps, laissant ses filles se débrouiller seules avec le peu de nourriture pour survivre. Elles sont alors très petites. Le père est alors à Pyongyang, lui aussi en train d'essayer de trafiquer, mais étant aussi dans les filets d'une jeune femme... On voit également la perversité du régime, qui amène les citoyens à se dénoncer les uns les autres, à obéir aveuglément aux consignes, tandis que les jeunes tentent d'obtenir de la culture chinoise, sud-coréenne ou américaine des objets qu'ils n'ont pas, comme des DVD, des livres ou même des jeans, tout ça interdit par le régime. Cela représente alors pour la petite fille qu'elle est, un début de paradis qu'elle peut toucher du doigt.

Les parents de notre héroïne réalisent alors que la vie serait meilleure ailleurs, d'où leur fuite, leur père ne pouvant les rejoindre que quelques mois ensuite. Le périple de Yeonmi et sa mère est absolument horrible à lire, surtout quand on sait qu'elle a réellement vécu cela. Elles payent un passeur, sont achetées par des chinois puis revendues comme de simples bêtes (Yeonmi tente d'ailleurs actuellement d'éclairer le monde sur la traite d'êtres humains qu'entraine la fuite de la Corée du Nord vers la Chine). Sa mère est violée sous ses yeux, Yeonmi est elle aussi forcée de coucher avec son "maître", alors qu'elle n'a pas 14 ans... Dans le seul but de survivre, de retrouver sa sœur, et d'enfin vivre une vie libre. Mère et fille ne doivent pas communiquer leurs âges et leur lien familial. Elles seront ensuite séparées l'une de l'autre.

Elles restent en Chine plusieurs mois, après que son père les ait rejointes, pour ensuite rejoindre la Mongolie pour ensuite prendre un avion direction Séoul. Là-bas, les choses vont se compliquer, mais sa mère et elle vont réussir à rejoindre la Corée libre. Elle arrive alors à 15 ans, quasiment illettrée, devant rapidement s'intégrer dans la société, dont elle ignore complètement les us et coutumes. Sachez que les transfuges, les réfugiés nord-coréens vers le sud passent plusieurs semaines dans une sorte de camp, pour déterminer s'ils sont bien des réfugies politiques et non des espions ( car il y en a), et subissent ensuite un check-up de santé qui est rarement bon, dû aux privations du régime, et ensuite reçoivent des leçons de vie, pour les faire s'intégrer le plus rapidement possible dans cette société libre. Une fois passé ces semaines difficiles, Yeonmi et sa mère s'installent dans un petit appartement payé par l'Etat, sa mère trouvant rapidement un travail, tandis que Yeonmi tente de rattraper son retard scolaire. En quelques mois elle va alors passer l'équivalent du diplôme du collège et du lycée, va dévorer des dizaines d'œuvres de littérature, auxquelles elle n'aurait jamais cru avoir accès. Elle développe une soif de culture et de connaissance phénoménale. Elle va même étudier à l'université dans le but de devenir policière afin de défendre sa mère d'un homme violent avec lequel elle est. 

Elle se fait peu à peu une place dans la société sud-coréenne, qui n'a rien à voir avec le vice que le régime laissait entendre. Elle ne dit cependant pas à ses camarades qu'elle est nord-coréenne de peur de se prendre des remarques. Elle va ensuite se rendre en Europe puis aux Etats-Unis, afin de faire des conférences sur son statut de transfuge et d'ancienne citoyenne nord-coréenne dans le but de raconter ce qu'il se passe au sein du pays le plus fermé du monde... 


Avis: Un récit de vie que tout le monde devrait lire afin d'être pleinement conscients de certains situations dans des pays sur la planète. On se doute tous de la nature et des privations du régime nord-coréen, mais sans lire des récits de vie de ce type, on ne peut jamais vraiment imaginer ce qu'ils vivent là-bas. Evidemment ce fût un récit tout aussi intéressant que glaçant, et j'espère Yeonmi pourra participer à la pleine conscience de ce qu'il se passe en Corée du Nord, et espérons le à l'amélioration des conditions de vie, étant considérées encore actuellement comme défiant les droits de l'homme.



"Je voulais juste vivre" de Park Yeonmi, 7,40€

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