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Nos jours heureux

 J'ai mis quasiment dix jours à lire ce roman coréen acheté lors de mon dernier séjour à Paris fin juin, et j'avais hâte de vous en parler. J'ai mis un petit moment à bien comprendre le récit, comme il est divisé en chapitres, classique, mais aussi avec des passages avant chaque chapitre, d'extraits de "cahier bleu", numérotés. Je pensais que ces extraits faisaient référence au passé de notre héroïne, Yuyeong, trente ans mais en fait non. Bref, parlons plutôt du pitch!

On suit donc Yujeong, sud-coréenne de 30 ans, dont la famille aisée est très éloignée d'elle. Elle a deux grands frères, mariés à des femmes bien, de bonne réputation, chose importante au pays du matin calme. Yujeong est prof, fait figure d'outsider, car tout le monde pense et elle incluse qu'elle n'est pas crédible dans ce rôle. Elle est plutôt dépressive, et a du mal à être heureuse. Sa mère a un cancer du sein, est très malade et vieille et se fait plaindre, tandis que Yujeong vit depuis quinze ans avec de la rancœur quant à l'agression physique qu'elle a vécue de la part de son oncle, chose que sa mère a cachée, et la fait culpabiliser en disant qu'elle l'a très sûrement allumé... Un jour, sa tante Monica, religieuse, vieille femme de plus de 70 ans, la convainc de l'accompagner à la Maison d'arrêt de Séoul, où elle se rend régulièrement, rencontrer des condamnés à mort. Nous sommes en 1997, la peine de mort est encore légale en Corée. Elle l'est d'ailleurs encore toujours actuellement, même s'il n'y a plus d'exécutions depuis des années. 

Elles y rencontrent Yunsu, un jeune homme de 27 ans, étant accusé du meurtre de trois personnes et d'un viol. Il est condamné à mort. Les condamnés à mort ne savent pas quand ils vont mourir. La prison a seulement l'information la veille de l'exécution. Yujeong ne comprend pas pourquoi sa tante, chrétienne fervente puisque religieuse, se rend discuter et tenter de rendre la vie de ces condamnés à mort plus douce. Sachant qu'ils ont commis des pêchés impardonnables dans la religion chrétienne. Elle lui apporte une Bible, l'absout, le traite comme un humain bon. Sa nièce est ahurie de cette gentillesse et de ce pardon devant tant de pêchés. Elles s'y rendent un jeudi, puis notre héroïne va y retourner d'elle-même plusieurs fois. Toujours les jeudis. La route est longue pour y aller mais elle y va tout de même, et le dégoût qui l'habitait lors de leur première rencontre va faire place à une réflexion sur les crimes, sur la mort. Condamner cet homme, n'est-ce pas aussi un crime? 

Cette rencontre va la faire évoluer d'avis sur pas mal de sujets. Rencontre pour le moins riche et importante dans sa vie. Elle va trouver le courage de parler à sa mère qui n'entend que ce qu'elle veut, de discuter avec son frère aîné de ce qu'elle a vécu quinze ans auparavant. Les extraits du cahier bleu appartiennent donc au condamné, Yunsu. Grâce à eux, on en apprend plus sur lui, sur sa vie, sur comment il en est arrivé là. Sur sa mère qui l'a abandonné, son frère devenu aveugle à cause de son alcoolique violent irresponsable de père, ce qui a engendré la mort de son petit frère... Ces épisodes sont très intéressants et importants pour la compréhension du récit, mais ils m'ont effectivement tout d'abord un peu perdue, pensant qu'il s'agissait d'extraits de la vie d'il y a plusieurs années de Yujeong. 

On a donc la version du jeune homme, qui en plus de ces extraits, raconte au fur et à mesure son histoire à Yujeong, qui attend les jeudis, jours de leur rencontre avec impatience. Ce qu'il va lui dire va la faire penser différemment. 

Avis: Un roman très intéressant sur l'enfance, les traumas de celle-ci, la violence, les non-dits, les conséquences que peuvent avoir une mauvaise enfance. Sur le bien et le mal, sur la mort, sur pleins de sujets. Ce roman est un best-seller, et provoque des débats dans ce pays où la peine de mort n'a pas été abolie.



"Nos jours heureux" de Gong Ji-young, 8.50€

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