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Pachinko

 Chose promise, chose dûe! Je vous avais dit en story Instagram, que je vous publierai l'article sur Pachinko de Min Jin Lee en cette semaine, et je suis ravie de pouvoir tenir mon engagement. Commencé exactement le 30 septembre, je l'ai terminé le 9 décembre... Sans commentaires.

 Depuis que je suis arrivée en Corée, la lecture n'est pas du tout ma priorité ce qui explique cela. D'ailleurs je n'ai jamais lu ce roman chez moi mais dans les bus et métros lors de longs trajets à Séoul. Ce qui arrive fréquemment. C'est comme ça, que j'ai enfin pu arriver au bout de ce roman, coréen (je le dis comme s'il s'agissait d'un supplice alors que pas du tout). Best-seller dans de nombreux pays, vu et revu de partout, j'attendais que l'édition de poche sorte, et je voulais vraiment le prendre lors de mon année en Corée comme il s'agit en plus d'un roman coréen. Ca fait sens n'est-ce pas? Min Jin Lee, ne savait pas quoi faire après don diplôme, jusqu'à ce qu'une idée, grâce à un "Master's tea" à Yale, l'éclaire. Cette sorte de conférence d'intervenants extérieurs lui a fait découvrir cette population de coréens, forcés de quitter leur pays durant la période coloniale, afin de s'installer au Japon. Lors d'une rencontre avec plusieurs coréens ayant vécu cette situation, elle se rend compte de ces personnes, forcées de s'exiler dans le pays ennemi, forcés de faire croire qu'ils sont japonais et pas coréens, cette situation bien sûr étant notamment le cas pour la première génération arrivée sur le sol nippon. 

Elle décide donc d'écrire sur ce sujet trop méconnu, et tente d'être publiée, processus qui va prendre du temps, jusqu'à réécrire entièrement ce qu'elle avait rédigé et être enfin publiée. Ainsi naît Pachinko, son second roman best-seller mondial, notamment encensé par Barack Obama. Ce roman se déroule sur trois générations. L'ouverture se fait dans les années 30 à Busan, d'où notre héroïne Sunja est originaire. Elle aide sa mère à tenir la maison d'hôtes qui leur donne de quoi manger. Leur situation est assez précaire, à cause du début de l'invasion japonaise. Elle fait la rencontre de Koh Hansu, un homme qui ne cesse de se matérialiser devant elle tout le temps. L'homme est courtois, propre sur lui, il apparait comme un riche marchand aux yeux de la mère et sa fille qui vivotent. Gentil, cordial, Sunja s'entiche de lui, jusqu'à ce que les deux aient des relations. Cependant l'homme est marié et a trois filles au Japon. Il ne peut donc pas l'épouser même lorsqu'elle tombe enceinte. Pour empêcher la mauvaise réputation de sa fille de se développer, sa mère Yangjin lui conseille fortement de se marier à un homme afin de faire passer la grossesse comme une union du couple. Isak, un pasteur chrétien malade se propose de sauver l'honneur de la jeune femme. Ils s'exilent donc pour le Japon, Yangjin, donnant quelques maigres trésors familiaux à sa fille pour lui permettre de vivre un tant soit peu correctement. 

Tous deux arrivent dans la famille de Isak, son frère Yoseob et sa femme Kyunhee, conscients de la situation de Sunja, mais n'en laissant rien paraître. Rappelons que nous sommes alors dans les années 30. Sunja s'habitue petit à petit à sa nouvelle vie et au climat d'Osaka. Elle change son nom, et apprend le japonais, chose qui sera de mise, de peine d'être victime de racisme et d'avoir des problèmes.         Elle considère sa belle-soeur comme sa propre sœur, toutes deux étant devenues rapidement très proches. Kyunghee va aider notre jeune immigrée dans sa nouvelle vie, d'autant qu'elle ne va pas tarder à accoucher. Ensuite, une fois son fils Noa né, elle souhaite rapidement rapporter de l'argent au foyer, refusant d'être un poids pour son mari. Elle se met donc à faire du kimchi pour les habitants, devenant rapidement populaire. Plus tard, elle vendra des confiseries dans une petite boutique. Dans le même temps, des usuriers toquent à la porte, Yoseob ayant contracté des dettes. Sunja vend alors un objet de valeur que sa mère lui avait laissé, tandis que l'homme blessé dans sa fierté s'énerve. Son mari va se faire emmener en prison, elle élève donc seule ses deux enfants. Son fils aîné est très intelligent, mais Noa et Mozasu, son second fils qu'elle aura avec son mari, vont devoir aider dans une ferme, lorsque dans les années 40, en pleine guerre, la situation semble mauvaise pour la famille. En effet, Hansu, qui a alors retrouvé Sunja et son fils qui est donc le sien également, les a fortement encouragés à partir. Tous travaillent alors beaucoup pour remercier la famille de les avoir recueillis, Yoseob étant très malade et restant continuellement alité, les deux femmes et les deux enfants tentent de palier ce poids afin de rendre au fermier et à sa femme la pareille. Beaucoup d'évènements se déroulent, difficile donc de résumer ce roman je vous avoue... 

Mais Noa grandit, Hansu lui paye une université renommée de Tokyo, Waseda, à laquelle il le pousse fortement d'aller, Mozasu quant à lui va travailler dans des salles de pachinko, univers dont sa mère se méfie, mais où il va s'épanouir. Un jour Noa va apprendre que son père biologique n'était en vérité par Isak comme il l'a toujours cru mais Hansu, cet homme dont il se méfie et ne trouve pas net. Blessé, il quitte alors la ville, ses études, et se retrouve à Nagano, coupant les ponts avec sa famille et décidant de faire sa vie ici. Il se retrouve alors employé dans un pachinko, ce qu'il voulait absolument éviter. N'aimant pas cet univers très net, il ne voulait surtout pas se retrouver à faire comme son petit frère.         Il construit alors une nouvelle vie avec une femme et des enfants. 

Rapidement, il se voit offrir des promotions, de par son intelligence et sa maîtrise. Il continue d'envoyer de l'argent à sa mère à qui il se sent redevable, et à Hansu, pour rembourser l'argent que celui-ci avait investi dans son éducation à Waseda. De son côté, Mozasu se retrouve à la tête de plusieurs pachinkos, ayant réussi à se faire une place dans ce milieu et à montrer ses capacités. Avec sa petite amie Yumi, ils réussissent enfin à concevoir un enfant après quelques tentatives ratées, qui s'appellera Solomon, dont Sunja va beaucoup s'occuper pour palier l'absence de son fils Noa qu'elle a réussi à retrouver mais qui s'est suicidé juste avant son départ... Yumi et Mozasu souhaitent absolument que leur fils ait une éducation internationale. A moitié coréen et japonais, ils souhaitent que leur enfant apprenne l'anglais également. Solomon grandit, et à son tour il découvre les tracas de la vie, une jeune fille Hana dont la mère est prostituée, l'initiant à la découverte de leurs corps respectifs. Cinq ans plus tard, Solomon réussit à reprendre contact avec la jeune fille qui a totalement dérivé. Il vit désormais à New-York, avec Phoebe, qui n'a jamais vu le Japon ni la Corée. Cette jeune génération, désormais la troisième depuis l'immigration de grand-mère Sunja au Japon a laissé des traces dans leurs identités à tous. 

Avis: J'en ai déjà suffisamment dit sur ce roman, dont j'ai eu beaucoup de mal à rédiger l'article. Quoi dire? Comment le dire? Trois générations à résumer en quelques paragraphes, le défi est présent. Tous souffrent d'un trouble de l'identité entre leurs origines, leur pays d'accueil, sur leur identité profondément ancrée en eux. Ce roman familial nous présente différents personnages avec leurs difficultés dans la vie, leurs épreuves, leurs joies, leurs peines, leur adaptation à des changements de vie, des injustices, des réussites mais surtout de l'espoir et de l'amour. Un très beau roman que je vous conseille vivement, que j'ai beaucoup aimé découvrir, et grâce auquel j'ai pu entrapercevoir la vie de ces coréens forcés à l'exil et à l'adaptation. 



"Pachinko" de Min Jin Lee, 9.90€

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