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Princesse Bari

 Ahlala les romans coréens, ça faisait longtemps. En fait non ahah. J'en ai donc profité d'être à Lyon pour me rendre chez Gibert Joseph, qui propose tout un tas de livres d'occasion. Je m'étais noté des titres de romans japonais et coréens à me prendre d'occasion, souhaitant vraiment faire attention financièrement depuis mon année en Corée. Si je peux économiser 2,3 euros par titre, je prends. J'ai été intriguée par le résumé de ce roman "Princesse Bari" de Hwang Sok-Yong. Je n'ai jamais lu de livre de l'auteur c'était donc l'occasion de le faire, avec cette histoire se déroulant en Corée du nord au début du récit. J'étais très curieuse de relire des histoires se déroulant là-bas, ayant peu de récits de vie de ce pays encore très fermé. Et ayant passé une année en Corée du sud, la vie du nord étant très différente, je suis toujours avide d'en savoir plus. Pour vous donner quelques informations intéressantes sur l'auteur, il s'agit d'un homme sud-coréen. Il étudie à l'université Dongguk à Séoul, que j'ai d'ailleurs visitée, et suit un cursus de philosophie. Il se fait arrêter à plusieurs reprises pour ses idées progressistes qui vont à l'encontre du système de l'époque. Il écrit notamment une nouvelle en 1970, toujours d'actualité, "Monsieur Han" à propos de l'une famille séparée entre Corée du nord et Corée du sud. 

Mais sa prouesse en 1989 de se rendre à Pyongyang au nord en tant que représentant du mouvement démocratique naissant au sud lui vaudra d'être emprisonné pendant sept ans à son retour en Corée du sud, après s'être exilé à New-York et en Allemagne afin d'éviter cet emprisonnement. Il retournera pourtant au sein de sa terre natale en 1993, où durant ces sept années d'emprisonnement pour cause d'action allant à l'encontre de la sécurité nationale interdisant les relations sud et nord coréennes, Hwang entamera une série de huit grèves de la faim en signe de protestation. Plusieurs organisations internationales dont Amnesty international tentent de faire annuler cette peine. Il obtiendra gain de cause en 1998, gracié par le nouveau président élu, Kim Dae-Jung. Voilà quelques infos que je viens d'apprendre sur l'auteur et que je vous partage, que je trouvais nécessaires. 

Dans ce roman, qui s'agit d'une fiction et non pas d'une histoire vraie qui aurait réussi à passer les frontières nord-coréennes, mais qui n'en reste pas moins belle, et plausible au sein de la Corée du nord, on suit une fillette au début du roman, du nom de Bari, "l'abandonnée". Le nom est inspiré d'une légende d'une princesse du même nom, mais ça notre héroïne le saura que plus tard. Bari a six sœurs plus âgées qu'elle, la famille n'ayant jamais réussi à avoir de fils au grand désespoir des parents, surtout du père. Ils habitent tous à Chongjin située au nord est de la Corée du nord, pas très loin de la Chine. La grand-mère de Bari, sa confidente, et celle qui lui a donné son nom, possède des dons de voyance. Grâce à leur chienne Hindung, la famille va se voir propriétaire d'un petit chiot, le dernier né de la fratrie, le septième comme son nom l'indique, Chilsung. Ce petit chien va devenir le bébé de Bari, tous deux vont communiquer, Bari ayant comme sa grand-mère des dons extra-lucide, capable de parler avec son chien et de le comprendre. Elle promet alors de toujours le protéger. 

La situation de la famille, bien qu'à cette époque la Corée du nord n'étant pas en très grande forme et va connaître des famines, sécheresse et pluies torrentielles, ne s'en sort pas trop mal. On est alors au début des années 90. La vie y est assez facile. Même les habitants de Pyongyang les envient. Un homme que la famille surnomme tonton Loche, et qui est le patron d'une compagnie chinoise est un peu leur mécène, et aide cette grande famille pendant une bonne partie du roman, en leur apportant des vivres lorsque les conditions de vie vont se dégrader. Historiquement, notamment de 1990 à 1994, une énorme famine touche le pays, tuant plus de deux millions de personnes. 

Malgré la position pas trop mal lotie du père de famille, directeur adjoint des douanes et du commerce de la ville ce qui lui vaut à lui et sa famille d'être plus épargnés que les autres, va alors débuter la série de malheurs cités plus haut. La grande famille ne va alors plus manger à sa faim, la vie va devenir compliquée. Ils cachent alors des réserves de nourriture que leur apporte tonton Loche. La mère de famille accompagnée de deux de ses filles doivent se rendre à Puryong tandis que Bari, son père, sa grand-mère et de sa sœur Hyuni doivent partir ailleurs. Escortés par le fameux tonton Loche, ils arrivent à Chongshan en Chine, après avoir dû traverser le fleuve. Ils sont accueillis par une famille chinoise modeste au sein d'une ferme. Mais ils dormiront dans la remise aménagée plus ou moins pour eux. Ils peuvent garder leur chien qui a grandi. Le père de famille parti pour où ne sait où revient alors affaibli, en hiver, et a complètement changé. Il ne fait que manger et dormir et ne pense plus aux autres. Il serait passé par un camp qui l'aurait complètement transformé. 

La petite famille va ensuite s'installer au bas d'une montagne dans une espèce de cabane de fortune où Hyuni et la grand-mère vont trouver la mort. Le père reparti, Bari se retrouve seule. Elle part avec son chien pour tenter de retrouver ses sœurs et sa mère. Elle tombe alors sur tout un tas d'esprits, pouvant communiquer avec eux qui lui parlent. Elle va manquer mourir à cause de feux en montagne, les habitants désespérés, souhaitant mourir. Elle retourne finalement à son ancien refuge dans la montagne où l'homme qui l'avait accueillie elle et sa famille appelle tonton Loche, se rendent ensemble où il travaille dans la ville de Yanji. De là, tonton Loche reprend notre héroïne, l'abandonnée sous son aile et la présente à un salon de massage à Yanji en Chine. Rien de bizarre là-bas, Bari va seulement masser des pieds, avant d'apprendre les points de réflexologie des pieds. Elle ne doit surtout pas dire qu'elle est transfuge. 

Elle arrive à voir la vie des personnes dont elle touche les pieds. Son talent va se faire connaître, et grâce à Shang et son mari Zhou qui lui enseigne, tous trois, avec un ami du couple, Chen, vont décider d'ouvrir leur propre boutique de réflexologie. Cependant, ce projet au début florissant va être un échec, après que Chen ait traîné dans des projets louches. Shang et Bari vont être prises par des marchands d'esclaves et vont se retrouver dans la cale d'un bateau durant plusieurs semaines. Les conditions de vie sont évidemment pitoyables, n'ayant pas de place pour se mouvoir, mourant quasiment de faim et de soif. Pourtant Bari va s'en sortir et va débuter une nouvelle vie à Londres. Elle va devoir aider dans une cuisine de Chinatown, ne pouvant à peine se reposer. Elle est encore très jeune, une quinzaine d'années. 

La chance va enfin lui sourire puisqu'un salon de massage où elle va pouvoir exercer ses dons de réflexologie et de voyance va l'embaucher. Elle mène alors une vie assez solitaire et routinière mais loin des extrêmes difficultés qu'elle a vécues. Elle est bien sûr sans famille à plus de 10 000 kilomètres de chez elle, mais la chance va commencer par lui sourire. Elle vit en colocation avec Luna, une autre employée du salon où toutes deux travaillent, mais doit systématiquement faire attention, étant arrivée clandestinement. Elle sympathise avec un homme s'occupant de l'immeuble où elle vit, Mr Abdul, un homme gentil, fervent croyant musulman. Il la prend sous son aile, et il va devenir petit à petit un homme sur lequel elle va pouvoir compter. 

Je ne vais pas vous en dire plus sur ce roman, en ayant déjà pas mal dit, mais c'est une très belle histoire, triste, touchante, très certainement reflétant une réalité de l'époque, et très certainement encore d'aujourd'hui, je vous invite donc vivement à découvrir ce roman. Cette plongée au cœur de la Corée du nord, si différente du sud est particulièrement prenante et émouvante. Et se mettre à la place d'une jeune fille qui a tout perdu et débarque illégalement en Europe est vraiment une expérience intéressante.    Cela m'a donné également très envie de lire d'autres livres de l'auteur, ayant bien envie de découvrir ce qu'il a d'autre à nous dire.



"Madame Bari" de Hwang Sok-Yong, 8.50€

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