Nouvel article, nouveau roman de chez Grasset. C'est pas commun pourtant que je lise un livre de cette maison d'édition, et là, deux de suite. Dès que mon collègue de la litté étrangère a reçu ce livre avec en bandeau "Prix Médicis étranger", j'avais très hâte de le lire, d'autant qu'il s'agit d'un roman coréen, l'envie était d'autant plus présente. "Résidence Saha" n'avait pas été un coup de cœur, adorant pourtant Cho Nam Joo, mais le topic bien dystopique ne m'avait pas trop emballée. Ce roman-ci se déroule en hiver, sur l'île de Jeju que j'ai moi-même visitée, j'avais donc hâte d'en savoir plus. On suit Gyeongha, qui un matin de décembre reçoit un message de son amie Inseon, gravement blessée à la maison, transférée d'urgence au sein d'un hôpital séoulite. Habitant l'île de Jeju, mais la blessure étant trop grave, celle-ci n'a pas eu d'autre choix que de quitter précipitamment son île pour se faire soigner.
Gyeongha accourt, choquée de la blessure au doigt, recousue de son amie. Cette dernière doit recevoir une piqure dans le doigt toutes les trois minutes afin de stimuler les nerfs et que l'opération soit un succès. Ces scènes ne m'ont pas enchantée, ayant une peur bleue des aiguilles/sang/membres amputés. Celle-ci réunissait les trois ahah. Gyeongha est une femme vivant une période difficile de sa vie. Elle vit recluse chez elle, son appartement jamais vraiment aménagé, pensant à la mort et au testament à laisser. Elle est quasiment sur le point de non retour lorsqu'elle reçoit ce message inopiné de son amie. Toutes deux amies, elles ne se donnent pourtant pas des nouvelles très souvent.
Une fois à l'hôpital, Inseon lui fait part du service qu'elle aimerait que son amie lui rende. Aller à Jeju chez elle nourrir son oiseau. Une requête plutôt non conformiste. Gyeongha s'envole donc dans le premier avion, alors qu'une tempête de neige menace l'île, ayant pris le dernier avion non annulé. Arrivée sur place, celle-ci doit prendre un premier bus avant un second dont l'arrêt est caché pour aller dans le petit bled de son amie. Il fait très froid, il y a beaucoup de neige, un vrai calvaire pour notre protagoniste. Elle n'a même pas d'affaires avec elle, sauf son téléphone et ses documents d'identité. Elle éclaire ses pas comme elle le peut et tente de se rappeler où habite Inseon. En effet celle-ci vit dans une espèce de ferme isolée de l'île, où elle habitait avec sa mère devenue sénile avant sa mort. Inseon y a emménagé des années auparavant pour s'occuper de sa mère et établir son atelier de menuiserie.
D'abord documentariste après des études de photographie durant dix ans qui ne lui rapportaient rien, des documentaires engagés plus tard, Inseon a complètement changé de voie. Puis est arrivé un ras-le-bol avant de vouloir ne faire qu'un avec la nature et envisager cette nouvelle vie. Gyeongha trouve enfin la ferme, moins une avant de mourir de froid. Celle-ci est allumée, porte ouverte, on sent l'urgence de la situation qu'a vécue Inseon à quitter précipitamment chez elle. Gyeongha découvre alors l'oiseau mort, trois jours sans eau, il n'a pas survécu. La raison de sa présence ici devient alors inutile. Elle se réchauffe comme elle peut en fouillant dans les affaires de son amie et découvre dans ses affaires des souvenirs de sa famille.
Débute alors des scènes où l'oiseau reprend vie, sûrement un rêve ainsi que l'apparition d'Inseon qui lui raconte l'histoire de sa famille. Je pense fortement que ces scènes proviennent de l'imagination de notre protagoniste qui imaginerait ces discussions avec son amie. Inseon lui parle alors de la tragédie ayant touché sa famille fin des années 40 entre 1948 et 1949 où 30 000 civils ont été assassinés. Les familles de ses parents ont été touchées de près par cette tragédie ce qui a eu pour effet, le début de la folie de sa mère. Des squelettes ont été retrouvés, des documents aussi qui attestent de cette tragédie. S'ensuivent alors beaucoup de pages sur le récit de cet évènement dont j'ignorais tout. J'avoue avoir un peu décroché à un moment, pourtant s'agissant d'un évènement important, mais le long récit m'ayant un peu perdue. Apparemment le récit est autobiographique, l'autrice ayant réellement vécu cela, sûrement sous les traits de Gyeongha.
Un beau roman bien écrit, constitué d'éléments tristes, tragiques, nous plongeant dans une atmosphère assez sombre de par le récit et la météo, mais très intéressant du fait de sa véracité. Une histoire sur l'amitié, et sur le devoir de mémoire.
"Impossibles adieux" de Han Kang, 22€
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