Le dernier de roman de Yûsuke Kishi. Après "La leçon du mal" lu récemment, Belfond a sorti "La maison noire" début février. Il s'agit pour le moment des deux seuls romans de l'auteur japonais traduits en français, bien qu'il en ait écrits quelques autres. On espère que d'autres suivront bientôt. Ayant adoré "La leçon du mal", j'avais pas mal d'attentes pour ce dernier, et il ne m'a pas déçue. Nous l'avons reçu en service presse, j'ai donc pu l'emprunter ce qui était super pratique. Lu en quelques jours, 300 pages, c'était parfait. Après avoir suivi l'univers d'un lycée et d'un prof psychopathe, on suit le monde impitoyable des assurances et notamment le phénomène des arnaques aux assurances-vie. L'auteur ayant été lui-même dans le domaine, a décidé pour ce livre-ci de parler de ce milieu-là.
On suit donc Shinji Wakatsuki, travaillant en tant qu'assureur dans une entreprise du bureau de Kyoto depuis 1 an et demi, après avoir travaillé quelques temps à Tokyo. Son travail lui plaît moins, mais il s'est rapproché de sa petite amie Mejumi, avec laquelle il était en relation à distance lorsqu'il habitait Tokyo pour son travail. Wakatsuki travaille beaucoup, pas japonais pour rien, a quelques responsabilités, et subit les clients pas forcément très sympathiques, chaque jour. Il ne voit que peu sa petite amie, tous deux habitant pourtant la même ville. Il habite un petit appartement, payé par son entreprise, au sein duquel il n'a pas vraiment investi les lieux depuis son arrivée plusieurs mois auparavant. Travaillant beaucoup il ne se préoccupe pas vraiment de cela. Son travail consiste à lire des déclarations de décès, afin de déterminer si l'entreprise pour laquelle il travaille peut dédommager l'entourage de la personne décédée. Un travail proche de la mort pas très réjouissant. Un jour il reçoit un coup de fil d'une femme lui demandant si la société d'assurance dédommage en cas de suicide. Une vraie problématique liée au Japon, le pays du soleil levant comptant un haut taux de suicide, les entreprises ayant dû instaurer des règles afin d'éviter les arnaques aux assurances, certaines personnes souscrivant exprès des assurances sur autrui ou elels-mêmes, peu de temps avant leur mort afin de bénéficier d'argent.
Wakatsuki est perplexe après cette conversation. Un jour il se rend chez un homme, Komoda dont la maison dégage une puanteur atroce. L'assureur ne peut à peine respirer tant l'odeur est immonde. Komoda est un drôle de type l'ayant appelé chez lui pour des questions relatives à des contrats d'assurance-vie souscrits par lui-même et son épouse. Wakatsuki a un mauvais pressentiment dans cette maison du diable, affirmé par la découverte de la mort d'un enfant de 11 ans, beau-fils de Komoda retrouvé par les deux hommes, pendu au bout d'une corde. Le choc est rude pour notre assureur habitué à traiter la mort indirectement par papiers, mais jamais en face. La police arrive, lui a beaucoup de mal à s'en remettre, d'autant qu'il a déjà vécu ce genre de situation des années auparavant, ayant vécu le suicide de son grand frère. Après la triste découverte de l'enfant, il en fait des cauchemars, se rappelant la drôle de réaction de Komoda ne semblant guère choqué, scrutant plutôt le visage de Wakatsuki...
Une enquête débute par la police ainsi que par la société d'aussrance de Wakatsuki devant déterminer s'il s'agissait réellement d'un suicide pour dédommager ou non la famille. Wakatsuki est persuadé qu'il s'agit d'un meurtre, ayant du mal à penser que l'enfant ait eu envie de se suicider, surtout avec une corde aussi courte. Il en fait part à ses supérieurs et contacte même un expert dans le domaine, interrogeant la famille, Komoda le beau-père et Sachiko la mère paraissant très détachée et pas du tout triste après la mort de son fils, plutôt obsédée à l'idée de recevoir de l'argent... Wakatsuki est ahuri devant aussi peu d'émotions de la famille qu'il soupçonne d'être à l'origine de la mort du garçon. La femme les harcèle afin de savoir quand ils recevront l'argent pour la mort du garçon... Affligeant. Wakatsuki va travailler de son côté afin de prouver qu'il s'agissait pas d'un suicide mais bel et bien d'un meurtre.
Il va se sentir suivi, épié, recevant même des appels anonymes, et même des chatons morts, appartenant à sa petite amie... Ses journées étant réglées entre les contrats à régler, son enquête de son côté, gérer les clients impolis prêts à tout pour arnaquer les assurances, quitte à se mutiler eux-mêmes afin de gagner l'équivalent de quelques milliers/dizaines de milliers d'euros. On découvre alors l'ampleur de ce phénomène, semblablement réel qui se passe dans un pays où la pression est si forte que beaucoup de personnes sont en dépression ou choisissent de renoncer à la vie. J'ai été alors vraiment choquée devant ce dont est capable l'humain pour un peu d'argent. Les vingt quasiment dernières pages du livre sont très intenses, j'ai beaucoup transpiré et stressé pour notre personnage principal.
Un thriller sur l'univers impitoyable de la beauté de l'être humain, blague, ainsi que ces fameuses arnaques aux assurances-vie. Le roman nous dépeint des personnages prêts à tout pour arriver à leur fin, guère rassurants et carrément creepy. Une lecture vraiment prenante que j'ai beaucoup aimée.
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