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555

 J'ai lu ce très joli roman au travail, lors de périodes un peu creuses. Comme on en a reçu beaucoup dans un PLV ( espèce de truc en carton à l'intérieur duquel on met les livres quand on en commande un certain nombre), je me suis dit que c'était l'occasion de le lire pour pouvoir bien le conseiller. On l'a reçu en service presse, ne me souvenant pas si c'est moi qui l'ai demandé ou non. Chose est telle que j'ai bien fait de le lire car il était vraiment beau. Il m'a un peu fait penser à "Suite inoubliable" de Mizubayashi, car il s'agit là aussi d'une histoire de violoncelle et de quelque chose qui se retrouve à l'intérieur. Dans le roman de Mizubayashi il s'agit d'une lettre alors que dans celui-ci, il s'agit d'une sonate. 

Le récit est organisé autour de cinq personnages autour duquel gravite le roman. Cinq personnes à priori pas liées, sauf deux d'entre elles, qui ont un intérêt pour la musique. Les chapitres se suivent donc avec à chaque fois le point de vue d'un des cinq personnages, pour revenir au premier au sixième chapitre. Cela fait, 1,2,3,4,5, et de nouveau 1,2,3,4,5 etc... Le premier personnage est Grégoire Coblence, luthier de métier et restaurateur, travaillant dans un atelier parisien, qui retrouve la partition dès le début du roman. Un musicien lui a en effet confié son instrument pour entretien, et l'expert est tombé par pur hasard sur ce trésor caché. Grégoire s'est fait quitter quelques années auparavant par sa femme Florence, partie pour les USA, suite au suicide de son frère Romain duquel elle était très proche. Un évènement traumatisant qu'elle n'a pas surmonté, étant incapable de continuer de vivre normalement, et a préféré fuir. Coblence a beaucoup de mal à s'en remettre, et ne comprend toujours pas comment sa femme a pu faire ça. 

Il est associé à Giancarlo Albizon, un peu plus âgé que lui, expert des instruments, ayant formé Grégoire. Giancarlo est empêtré dans des dettes de jeu et a des créanciers aux fesses. Il doit donc trouver un moyen de gagner de l'argent rapidement afin de palier la menace qui plane sur lui. C'est lui qui convainc son associé de garder la partition de Scarlatti, sa 556ème, inconnue. 

Ensuite, on suit Manig Terzian, musicienne, assez âgée, rencontrant des problèmes d'arthrose dans les mains, tandis que sa compagne elle-même traverse un cancer. Terzian est très réputée dans son domaine, et la partition représente un nouveau défi pour elle, la raccrochant à sa passion, à sa vie. Sa petite nièce Alice suit ses pas, et ce serait également l'occasion pour elle d'être découverte. 

Rodolphe Luzin-Farge quant à lui est professeur de musicologie à Paris ainsi qu'à Harvard. Chargé d'étudier et d'enseigner la musique, c'est un passionné du domaine, la partition lui permettrait donc de briller en société. 

Quant au dernier protagoniste de ce roman, Joris de Jonghe, belge, homme riche possédant des organisations qu'il finance, sorte de mécène, il n'est que l'ombre de lui-même depuis la mort de sa femme Beatrix. L'ayant un peu délaissée durant des années, il se rend compte une fois qu'elle n'est plus, à quel point elle lui était essentielle. Feu sa femme adorait Scarlatti, un musicien italien du XVIIIème siècle. Avoir en main la partition lui permettrait de retrouver un peu de son épouse décédée. 

Tous les cinq ont des raisons différentes d'être intéressés par cette partition. Grégoire et Giancarlo l'ont eue en mains propres, Manig également avant de l'interpréter avant qu'elle soit volée. Ils vont être en relation directe ou indirecte les uns aux autres, les rapprochant du génie italien, connu pour ses 555 sonates. Manig, génie de la musique elle aussi, va interpréter la partition une seule fois, et va s'en souvenir pour la réinterpréter ensuite. Pour Giancarlo, la disparition de la partition est une catastrophe, elle aurait pu lui permettre d'effacer ses dettes. Pour Grégoire, la retrouver lui permettrait de se rapprocher de sa femme Florence qui adorait Scarlatti, notamment interprétée par la seule femme protagoniste du récit, Manig Terzian. 

Toute l'histoire tourne autour de cette découverte, qui pourrait apporter tant à chacun. Le passé et les soucis du quotidien viennent heurter nos personnages reliés les uns aux autres. Certains développent des bonnes relations entre eux comme Grégoire et Manig, dont la petite nièce Alice est intéressé par le luthier, ou bien entre Joris, mécène et Manig, mais certaines autres rencontres sont moins sympathiques, comme Rodolphe, vu par les autres comme un arriviste. La passion de la musique est également très présente, tout comme les difficultés de la vie venant mettre des bâtons dans les roues de nos personnages.

Une très belle histoire close par une fin surprenante. Il y a beaucoup de jargon musical et relatif aux instruments, ce qui ne m'a pas empêchée de pleinement être plongée dans cette très belle histoire que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire. Je ne peux que vivement vous le conseiller



"555" de Hélène Gestern, 9.90€


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