Je n'avais jamais lu de roman de Philippe Besson, l'ayant clairement découvert en commençant à travailler à la librairie. Ecrivain pourtant connu, je n'en n'avais jamais vraiment entendu parler, je suis donc contente de vous partager son dernier roman adapté en poche, que j'ai emprunté un jour de faible passage à la librairie, pour m'occuper l'esprit intelligemment. Comme il s'agit de mon rayon, la littérature française, d'un auteur connu et d'une sortie récente, toutes les raisons étaient réunies pour que je le lise. Sans parler du fait qu'il soit fin, idéal à commencer au travail et à terminer ensuite rapidement.
Le titre comme l'annonce l'histoire tirée de faits réels n'est pas un fait divers. Il s'agit d'un véritable drame qu'ont vécu Léa et son frère de dix-neuf ans dont on ignore le nom il me semble. Léa 13 ans, vit avec ses parents à Blanqueport vers Bordeaux, tandis que son frère aîné, notre protagoniste de six années son aîné vit à Paris depuis ses 14 ans, époque depuis laquelle il travaille ardemment dans une école de danse classique dans l'espoir de devenir danseur classique de l'opéra de Paris. Il vit seul depuis toutes ces années, habitué à être loin de sa famille, sachant très bien que son rêve requiert tous ces sacrifices. Il s'en sort très bien, a été promu, et espère bientôt devenir enfin danseur de l'opéra, bien que personne ne l'encourage vraiment sauf sa mère.
Un jour, c'est le drame. Sa sœur Léa l'appelle et lui annonce que sa mère a été tuée. Par leur père. Qu'elle a assisté à la scène et que son père s'est enfui. Affolé, son frère lui ordonne de se cloitrer dans sa chambre tandis qu'il appelle les gendarmes de son côté avant de sauter dans un TGV. Le début du cataclysme débute alors. La maison sans dessus dessous, les interrogatoires chez les gendarmes, la découverte de sa sœur prostrée, la quête du père ayant fui les lieux, l'acceptation de la mère brutalement assassinée. Rien de normal pour personne, et encore moins pour des personnes si jeunes...
Pierre Verdier qui les interroge cherche à comprendre l'issue de la mort de cette femme. Léa témoigne, son frère aussi, n'en sachant pas autant qu'elle, ne remettant que les pieds rarement dans la maison de son enfance. Se dresse alors le portrait de ce meurtrier, le père de nos deux jeunes protagonistes, un homme violent, lâche, qui ne cessait de boire, de porter la main sur son épouse, et étant clairement un pervers narcissique. Un homme peu proche de ses enfants, surtout de son fils aîné qu'il jugeait bizarre avec ses lubies de danse, qu'il ne comprenait pas, le jugeant clairement sans problème.
Le grand-père est alors dépêché sur place, après qu'une voisine ait hébergé les deux jeunes orphelins. Le père de leur mère arrive donc, étant à la retraite depuis plusieurs années, habitant dans une maison de campagne, ayant laissé sa fille gérer la maison de la presse familiale. A l'époque une femme joyeuse qui au fur et à mesure de son union avec son mari est devenue triste, fade, éteinte, sous le joug de cet homme, qu'elle a tenté de quitter plus d'une fois, s'étant même rendue porter plainte, sans être prise au sérieux. Situation bien trop présente en France...
Léa et son frère vivent alors avec leur grand-père, ne pouvant plus accéder à la maison familiale sous scellés, qui le restera jusqu'au procès 21 mois plus tard. Une longue période durant laquelle les deux frères et sœurs vivent des épreuves inimaginables, une absurdité du système invoquant le fait que le père, même emprisonné a encore des droits sur ses enfants... Ce roman dénonce ces situations grotesques ainsi que le manque d'humanité des forces de gendarme et de police, soi-disant en manque de moyens pour clairement former ses effectifs à ce genre de situations dramatiques qui aurait pu être évitée. Léa et son frère bien qu'ayant vécu ce brutal assassinat, avec des préoccupations qui ne sont pas de leur âge comme celles de choisir un cercueil pour leur défunte mère, vont de mal en pis. Le cauchemar ne fait que commencer... Le frère aîné quitte Paris et ses rêves pour se rapprocher de sa famille restante et surtout de cette sœur alors adolescente ayant vécu le pire. Tous deux tentent de faire front alors que leur mère repose six pieds sous terre et que leur père les réclame au parloir. Ils ne verront que cet homme une seule fois avant le procès, déchargeant sa responsabilité sur sa femme qui voulait le quitter, s'étant senti abandonné et ayant agi sous le coup de la folie. Dix-sept coups de couteau...
Léa et son frère ont un ressenti très différent par rapport à l'assassin de leur mère. Leur père. L'aîné ne partageait rien avec lui, ayant rapidement compris comment il fonctionnait, tandis que sa jeune sœur se doutant que quelque chose clochait n'avait assisté à rien qui aurait pu lui laisser présager autant de violence. Le père était parfois gentil et affectueux avec sa fille cadette.
Le temps jusqu'au procès passe, les deux endeuillés vivant, survivant, avec l'aide de psychologues parfois, n'évoquant que très rarement la tragédie et s'isolant du reste du monde. Une façon de se protéger qui n'est peut être pas la solution...
Peu de confort leur est proposé, ils se débrouillent plus ou moins seuls, avec l'aide de leur grand-père dévasté mais qui reste fort. Leur unique famille désormais. Ce roman bien que court évoque beaucoup de sujets relatifs à la famille, aux relations humaines, familiales, à la mort, la dépression, la justice, l'inactivité de l'entourage et j'en passe. Une histoire bouleversante, mais tirée de faits réels que je ne peux que vous recommander.
"Ceci n'est pas un fait divers" de Philippe Besson, 8€
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