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Journal d'un scénario

 "Journal d'un scénario" de Fabrice Caro est sorti lors de la rentrée littéraire de septembre, et en me renseignant sur les sorties pour mon entretien à la librairie, ce roman m'a intriguée. J'ai lu ceux que j'avais vraiment envie de lire comme l'autobiographie de Panayotis qui m'a un peu saoulée, "Suite inoubliable" de Mizubayashi et "L'enragé" de Chalandon, que j'ai tous deux adorés, et j'ai laissé de côté celui-ci. Au moment de faire un peu le bilan de ce qui se vendait ou non et que j'ai décidé de renvoyer un exemplaire de "Journal d'un scénario", je me suis dit que c'était le bon moment de l'emprunter. Je l'ai lu très rapidement, en deux soirs, le roman ne faisant que 190 pages. 

Fabrice Caro est surtout connu comme étant auteur de BD sous le pseudo Fab Caro. Cependant il écrit aussi des romans. Mon collègue ayant beaucoup aimé ce roman, j'avais assez hâte de le lire. Le synopsis était particulièrement loufoque, j'avais donc hâte de voir ce que l'histoire me réservait. 

Boris a eu son scénario validé par un producteur, il est ravi. "Les servitudes silencieuses", histoire d'amour entre un homme et une femme, film en noir et blanc va enfin voir le jour. Enfin son travail a payé, et d'autres personnes que lui voient son talent. Il voit déjà dans les rôles principaux de Ariel et Marianne, Louis Garrel et Mélanie Thierry. Un film dont l'esthétique sera unique avec une ambiance lente. Toutefois, tout en faisant la rencontre d'Aurélie, une jeune femme cinéphile avec laquelle ils discutent de cinéma à chacune de leurs rencontres, les idéaux de Boris vont aller de mal en pis. Jean Chabloz le fameux producteur ne cesse de lui répéter que tous deux vont faire un grand film, tout en changeant au fur et à mesure la tournure du film de notre apprenti scénariste. Ce qui devait être un film en noir et blanc va finalement avoir de la couleur, va se transformer en une histoire d'amitié entre Kad Merad et Christian Clavier qui interpréteront les deux rôles titres, sur fond de comédie, d'aliens et d'accent marseillais tout en faisant des pets... 

Une tournure absurde pour Boris qui n'en revient pas, mais n'ose dire non, bien que ces changements ne lui plaisent pas. Il continue de rencontrer Aurélie, plus ravie que lui de son succès, rêvant de Louis Garrel et Mélanie Thierry, formant un couple parfait pour ce film qu'elle imagine. Boris n'ose lui dire la vérité. Yann, un ami proche de Boris est en plein divorce, et Boris se sert d'éléments de son histoire pour alimenter son scénario, étant transformé de jour en jour. Malgré les mails et les rencontres avec Chabloz et un autre travaillant sur le scénario, "Les servitudes silencieuses" perd de son essence. Jules, le fils de Yann secoué par le divorce prochain de ses parents envoie à Boris des idées d'affiches pour le futur film. C'est à peine s'il sait maîtriser Photoshop, ses propositions étant toutes plus horribles les unes que les autres, Boris lui répondant que c'est super, tout en étant accablé devant si peu de talent. On assiste impuissant mais aussi parfois avec le sourire aux lèvres à ces situations ridicules telles un vaudeville se profilant sous nos yeux. 

Le silence de Boris, n'osant pas partager ses sentiments bien que le scénario soit le sien est particulièrement vaudevillesque mais aussi assez triste. On a souvent des passages dans le roman, d'extraits de scènes qu'il imagine pour son film, étant plongé au début dans une lente ambiance, une histoire d'amour difficile entre deux "accidentés de la vie, un amour tumultueux, impossible, bousculé qui éclate se délite, s'enflamme", pour devenir "vous êtes incapable de péter là alors que je vous le demande" entre Kad Merad et Christian Clavier remplaçant la blondeur lumineuse de Mélanie Thierry et le brun ténébreux qu'est Louis Garrel. 

Un roman prenant vaudevillesque, absurde, critique de l'industrie du cinéma, qui pense argent en enlevant l'originalité et la qualité, proposant un cinéma tout public guère intéressant. Boris est l'exemple même de la victime de cette industrie. 



"Journal d'un scénario" de Fabrice Caro, 19.50€

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