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Le gardien des souvenirs

 Après avoir lu deux romans qui ne m'ont pas emballée, j'avais envie d'une lecture mignonne qui fasse du bien. J'avais repéré "Le gardien des souvenirs" de Sanaka Hiragi depuis un moment, sauf que nous avons eu un inventaire et que je ne pouvais pas l'emprunter. Une semaine après j'en ai profité, l'empruntant samedi soir, le lisant le dimanche et rédigeant l'article le lundi. J'ai bien choisi ma lecture pour le coup, l'ayant quasiment lu d'une traite le dimanche après-midi en 1H30, et l'ayant terminé tranquillement le soir. Entre ça et binge watcher mes dramas coréens, c'était pas mal ahah. 

Ce roman me rappelle un peu "Au prochain arrêt" de Hiro Arikawa et "Un lundi parfum matcha" de Michiko Aoyama, dans le sens où les personnages à priori n'ayant rien en commun, sont liés d'une certaine façon. Dans les deux premiers on avait plutôt l'idée d'un personnage entrant en mouvement dans une scène figée où seulement lui évolue, puis s'arrête, et c'est un suivant qui bouge etc... Pourtant les trois histoires que contient ce récit ont un lien entre elles, on l'apprend à la fin.

Dans la même veine que "Tant que le café est encore chaud" de Toshikazu Kawaguchi, le roman évoque un endroit spécial dans lequel on peut remonter le temps. Contrairement à l'autre roman où les personnages sont bel et bien vivants lorsqu'ils remontent le temps, ils sont morts dans ce roman, chose que je ne savais pas en le commençant. On suit Hirasaka, jeune homme recevant chaque jour une livraison d'un carton plus ou moins rempli. Il s'agit de la personne dont il va avoir la charge, la boite contenant une photo par jour durant les années que la personne a vécues. Plus la boite est lourde, plus la personne a vécu vous l'aurez compris. C'est drôle la façon dont le récit débute, partant d'un studio photo et d'une livraison journalière, qui pourraient très bien être une situation normale si Hirasaka n'était pas mort, et n'aidait pas ses "clients" à se rendre dans l'eau delà. 

Premier chapitre, notre protagoniste qui ignore comment il est mort reçoit Hatsue 92 ans, morte d'une mort naturelle, se réveillant sur le canapé sans comprendre ce qu'elle fait là. Le rôle de Hirasaka est d'expliquer que la personne est morte, et qu'il va l'aider. Hatsue doit choisir parmi les milliers de photos, seulement 92 pour ses 92 années vécues. La tache s'annonce ardue. Il y a toujours un cliché flou, qui permet au gardien des souvenirs et à son client de se rendre dans le passé et de reprendre cette photo. Le défunt a alors devoir de sélectionner l'appareil photo de son choix, qui servira à immortaliser le cliché.

Ils retournent alors tous deux dans le passé, pour revivre la journée entière de quand le cliché a été pris. On découvre alors que Hatsue était durant l'après guerre éducatrice en jardin d'enfants, époque très difficile pour le Japon financièrement, se remettant des dommages que la guerre a causés, priorisant le retour au travail plutôt que la construction d'habitations. Hatsue alors jeune fille fait de son mieux pour faire son travail et apporter un peu de joie chez les enfants dont elle s'occupe. Elle travaille avec une autre fille, dans une sorte d'entrepôt prêté par la ville. C'est loin de chez elle, elle ne gagne pas grand chose et pendant même plusieurs semaines n'est pas payée, mais elle ne lâche rien. En revenant dans le passé, elle reprend la photo d'elle avec les enfants dans un bus, devenant leur nouvel abri lorsque leur ancien leur a été enlevé. Un chapitre basé sur les difficultés de l'après-guerre et l'espoir.

Second chapitre, Waniguchi 47 ans, assassiné, appartenant à une sorte de mafia, voyou mais pas foncièrement méchant. Durant sa vie il crée plusieurs business pas bien légaux, crée une recyclerie, afin de cacher de l'argent sale, mais engage quelqu'un qui puisse vraiment réparer des objets en cas de contrôles. Le jeune homme est socialement différent, autiste sûrement, est très doué mais se fait régulièrement houspiller pour son manque de politesse. Waniguchi le prend sous son aile et le défendra toujours. Il va aussi se mettre en tête de défendre un jeune garçon vietnamien, Tien, qui se fait harceler à l'école dont sa photo de famille a été méchamment déchirée, réparée des jours durant par le fameux prodige Nezumi. Un chapitre qui montre que tout n'est pas blanc ou noir, et parle de soucis sociétaux sur la différence. 

Quant au dernier chapitre, Hirasaka reçoit Mitsuru, une enfant retrouvée morte due à des sévices familiaux... Un chapitre court mais particulièrement peu facile où cette fillette vit sur la véranda, attachée comme un chien, sans protection des intempéries, qui se fait battre par son beau-père tandis que sa mère ne dit rien. Lorsque le gardien des souvenirs la reçoit, il apprend à l'enfant la terrible nouvelle. Tous deux se rendent en haut d'un belvédère après avoir mangé des glaces pour prendre la fameuse photo. Ils la développent et là Mitsuru fait comme remonter le temps, à moins qu'elle ne revive je penche plutôt pour la seconde option. 

Une fois la photo refaite, Hirasaka et son client développent les photos sélectionnés, et il crée alors une sorte de lampe à souvenirs, dernière chose que verra le défunt avant de réellement mourir, cet endroit étant une sorte d'entre deux entre la vie et la mort. 

Un très beau roman que je n'arrivais pas à arrêter, avec de belles histoires sur fond triste tout de même, le roman n'est pas tout rose, et les situations sont liées entre elles d'une certaine façon. J'ai passé un très bon moment de lecture en lisant ce roman que je vous conseille vivement.



"Le gardien des souvenirs "de Sanaka Hiiragi, 19.90€

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