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L'envol

 Après avoir lu "La lignée" j'avais bien envie de rattraper mon retard sur les romans de Aurélie Valognes, avec son avant dernier, "L'envol" sorti récemment en poche, dont nous avions encore des grands formats, et notamment cette très jolie édition collector. Après avoir découvert un beau récit sous forme de correspondance épistolaire entre deux femmes de deux générations différentes unies par l'amour de l'écriture, on suit cette fois l'amour entre une mère et sa fille. L'amour filial vu comme l'amour le plus pur qui soit. Evidemment ça dépend carrément, je parle juste de ce stéréotype que l'on a. 

J'ai passé un très bon moment de lecture avec ce roman, je vous le dis direct. Certes Aurélie Valognes, comme d'autres auteurs très vendus en France sont vus comme populaire, destinés au grand public, ne proposant pas de la vraie littérature. Autant je suis un peu d'accord pour certains, autant pour Valognes, certes les histoires ne sont jamais bien compliquées, tout comme l'écriture, mais il y a cependant je trouve, toujours une belle histoire avec des bons sentiments, sans verser dans le cliché, en parlant des difficultés de la vie qui vont de pair avec les bonheurs que celle-ci nous apporte. C'est ce que j'aime avec Valognes, c'est que ses livres sont feel-good, je les recommande souvent à mes clients qui souhaitent une jolie lecture, toutefois, ce n'est pas le pays des bisounours avec seulement des éléments positifs. 

Dans "L'envol", titre bien trouvé, on suit la relation mère-fille entre Gabrielle et sa fille Lili, alors enfant au début du récit. Le roman se déroule sur plus de 25 ans. Gabrielle élève seule sa fille, comme elle le peut, étant aide à la personne. Toute la journée, elle la passe chez ses clients à les aider à faire le ménage, le repassage... Un travail difficile, qui ne lui rapporte que peu, devant partir à 17h et avoir ses weeks-ends si elle souhaite élever sa fille. Des choix parfois difficiles lorsqu'on est une mère célibataire. Lili est une enfant curieuse, éveillée, intelligente, qui s'intéresse à beaucoup de choses, et n'est pas le moins du monde malheureuse. Sa mère est son héroïne, elle l'admire, elle l'aime. Gabrielle est un soleil, tentant toujours d'être positive, et apporte beaucoup de joie autour d'elle.

Toutes les deux sont très proches, elles partagent beaucoup de choses, bien que leur relation s'étiole lorsque Lili devient ado, puis jeune femme puis femme. Le récit est écrit sous forme de sortes de paragraphes, où chacune livre ses pensées, parle, comme si elle s'adressait à l'autre. Une sorte de conversation en somme. On en apprend plus sur leur routine, le petit-déjeuner ensemble le matin, la radio dans la salle de bains, les croque-monsieur le soir devant un programme qu'elles aiment toutes les deux, les sorties au cinéma les mercredis après-midis grâce à des contremarques, les sorties hebdomadaires également, à la bibliothèque temple de Lili, s'étant intéressée très jeune à la lecture, dévorant les bouquins. Elles partent chaque année en camping quelque part, proche de la mer, toujours en France et s'amusent beaucoup. 

Gabrielle donne tout ce qu'elle a à sa fille, faisant du mieux qu'elle peut sans homme à ses côtés pour élever sa fille. Elle n'a jamais retrouvé quelqu'un, tout son amour et attention étant dédiés à Lili. Lili grandit, obtient de très bons résultats, étant quasiment toujours première de sa classe, mais n'ayant que peu d'amis, ado assez renfermée sur elle-même. Elles s'éloignent alors, Lili étant en pleine acceptation de son nouveau corps et de ce qu'il représente. Elle garde le cap en obtenant de très bonnes notes pour pouvoir être libre de faire ce qu'elle veut par la suite. Parfois mère et fille s'engueulent, ne se comprenant pas toujours, surtout lorsque Lili décide d'aller en prépa, afin d'être prête à rentrer dans n'importe quelle école cotée. Elle ne lâche rien, fait les trajets entre Paris centre et chez elle chaque jour, ne se laisse pas démonter par la pression, la compétition, et le fait qu'elle ne se sente pas à sa place, entourée de jeunes riches. Même si cette période est difficile, elle continue. 

Gabrielle et Lili ne se croisent alors que peu, chacune faisant sa vie, Gabrielle étant désemparée face à cet éloignement inévitable. Lili choisit ensuite de partir loin afin d'intégrer l'école de ses rêves, grâce à une bourse, qui lui permettra de réussir socialement, là où sa mère s'est arrêtée que bas dans l'échelle sociale. Sans jamais dénigrer sa mère, elle ne veut surtout pas reproduire le schéma familial. Des non-dits s'installent, l'éloignement se poursuit, mère et fille se retrouvant parfois, dans la cité où vit toujours Gabrielle, rappelant des souvenirs à Lili pas toujours que positifs. Lili prend son envol tandis que Gabrielle assiste avec fierté mais aussi désarroi à cette relation qui ne sera plus jamais ce qu'elle était.

Lili se rend finalement compte que malgré l'élévation sociale, le plus important reste l'amour de sa famille, et de celle qui l'a élevée.

Une belle histoire sur la relation entre une mère et sa fille, avec peu de moyens mais beaucoup d'amour et d'inventivité. J'ai vraiment eu les larmes aux yeux à la toute fin, rappelant que la vie ce n'est pas que le travail et le succès mais aussi l'amour des siens qui est irremplaçable. Je me suis retrouvée un peu dans certaines situations, et je vous conseille d'offrir ce livre aux femmes de votre famille qui sont souvent des battantes, des guerrières. L'autrice se confie à la fin du roman en disant qu'elle s'est inspirée de sa propre relation avec sa maman pour écrire ce roman. D'autant plus émouvant donc.



"L'envol" de Aurélie Valognes édition collector mais existant maintenant en poche, 20.90€

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