En traitant un bon de commande Folio, je suis tombée sur ce petit roman Prix des lycéens sélection 2024-2025 qui avait l'air franchement intéressant et différent. J'ai reçu le service de presse que j'ai lu quelques jours après son arrivée ainsi qu'après les avoir mis en rayon. Ce roman lu en trois soirs a été une très belle découverte, je n'ai pas vu le temps passer en le lisant. Je vous avoue qu'en le recevant je me suis limite demandé pourquoi j'avais voulu le service presse, mais j'ai rapidement changé d'avis.
On suit Zita, une jeune femme de 28 ans au début du récit, très grande, pouvant paraître un peu rustique et pas très féminine, d'autant qu'elle a été élevée dans une famille de bergers dans les Pyrénées dans le petit village de Ossèse, tout proche de la frontière espagnole. Là-bas, Zita et son jeune frère Julien, leurs parents et leur grand-mère appelée Petite mère, vivent depuis des décennies. Ils vivent en pleine campagne, vivant de leur troupeau d'agneaux et de leurs cultures. Les conditions de vie sont difficiles, on n'est pas sans le savoir que la vie des paysans l'est, d'autant que les habitants de la région sont confrontés à la mise en liberté d'ours venus d'Europe de l'Est qui mangeant les troupeaux et causent de gros dommages. Notre "grande fille" comme l'autrice l'appelle souvent, revient de cinq ans d'une sorte de tour du monde, après avoir vécu en Asie et en Amérique du sud. Un besoin de voir autre chose, de se sentir utile ailleurs, de quitter ce tout petit village. Pourtant elle y revient, bien décidée à y rester.
Elle reprend donc sa vie de bergère, diplômée en tant qu'ingénieur agricole, l'autrice elle-même ayant suivi un cursus dans ce domaine, donc les informations données tout du long du roman sont véridiques, ce que j'ai apprécié. Un soir, notre grande fille se rend au bar du quartier et tombe sur un citadin, Pierrick pas assez habillé pour la saison, duquel elle va se rapprocher. L'homme est père de famille, mais séparé de sa compagne Emilie. Pour le "bien" de leur fille, les deux parents restent proches, se voyant fréquemment et vivant non loin l'un de l'autre à Toulouse. Les mois passent, entre travaux de la ferme, agneaux décimés par les ours, la période des estives ( durant laquelle les troupeaux paissent en montagne). Zita devient professeur dans un lycée agricole de Toulouse et est en couple avec Pierrick dont la vie de couple va rapidement être compliquée. Entre une ex beaucoup trop encombrante qui n'hésite pas à entrer chez Pierrick comme dans un moulin et à agir comme chez elle, et Inès la fille de huit ans se faisant bourrer le crâne par sa mère que Zita n'est pas quelqu'un de bien, la nouvelle vie de Zita va être bien loin de son quotidien.
Les difficultés s'enchaînent à Ossèse où notre native retourne très souvent pour se ressourcer et retrouver sa grand-mère qu'elle adore âgée de 100 ans qui a toujours mille et une histoires à raconter. Julien le jeune frère a lui aussi une entreprise, de poules pondeuses menacées par de nouvelles normes. Sans compter la perte de bétail non négligeable due à l'ours. Il est beaucoup question de la vie en tant que paysan/berger, des normes, des aides de l'état, d'écologie, d'agriculture dans le roman, domaines desquels je ne suis pas familière, mais qui m'a permis d'en apprendre plus. Zita navigue donc de sa vie simple entourée des siens dans les pâturages à sa vie de couple avec ce papa incapable de mettre des limites à sa fille et à son ex-femme. Zita a du mal à se retenir de s'énerver contre toutes ces situations qu'elle vit d'autant qu'Emilie, avec des opinions fermes écologiquement, convainc sa fille que Zita a tué un ours, qu'elle est la méchante.
Zita doit trouver sa place, entre son ancienne vie à parcourir le monde, ses terres de toujours et sa vie de citadine en tant que belle-mère. "Les belles-mères et les filles de berger se ressemblent. Elles choisissent des vies qui les avalent. Elles se jettent sciemment dans la gueule du loup. Vaniteuses elles se croient capables d'affronter l'insurmontable." Trouver sa place, le plus difficile. Entourée de ce compagnon qu'elle aime tant mais si différent d'elle, de la grand-mère d'Inès, et des amis de Pierrick, Zita se retrouver à réfléchir sur l'agriculture intensive avec les pesticides ou non, la cohabitation entre les bêtes et les ours, à sa vie tout simplement. Beaucoup de choses changent et elle doit s'habituer. Tiraillée entre deux mondes, que va t-elle choisir?
Une histoire vraiment intéressante sur l'écologie, l'agriculture, un beau portrait de femme, de sa place dans ce monde entre besoin de liberté et amour où elle doit trouver sa place au sein d'une famille déjà formée. Finalement Zita n'est peut être pas si éloignée de l'ours, l'animal vu en tant qu'ennemi... Je vous invite vivement à lire ce roman, n'ayant jamais lu quelque chose de similaire.
"La grande ourse" de Maylis Adhémar, 8.90€
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