Un nouveau roman coréen par ici! Trop contente d'avoir pu en lire deux quasiment coup sur coup entre "La fabuleuse laverie Marigold" et celui-ci "Le monde selon Sisun" de Chung Serang, repéré sur la table litté étrangère de mon collègue. Je l'ai tout de suite embarqué et commencé le dimanche matin pour le finir mardi après-midi ( mes jours de congés étant parfois en pleine semaine). J'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir cette belle histoire de famille, se déroulant sur trois générations, parlant de l'importance de la mémoire, de la famille, mais aussi nous présentant une famille coréenne atypique, chose que j'ai particulièrement appréciée.
L'autrice a choisi, par ce roman écrit entre 2016 et 2020 de nous parler de l'étouffement de la société coréenne, et de vouloir s'extirper de ces carcans en nous présentant une famille moins traditionnelle. La matriarche de la famille est donc Shim Sisun, une femme libre, qui eut deux maris, mère de quatre enfants, qui brisa les codes de la société coréenne du XXème siècle. On a, fort heureusement, au début du livre, un arbre généalogique de la famille de cette femme, auquel je me suis reporté à de nombreuses reprises, entre ses enfants issus de deux unions, sa belle-fille Kyeongha qu'elle considère comme sa fille dont la mère est morte, et dont elle s'est occupée comme ses trois autres enfants, et ses petits enfants au nombre de cinq. Dix ans ont passé depuis la mort de cette femme qui défia la chronique, habitant sept ans en Allemagne lorsqu'elle fut en couple avec un artiste Matthias Mauer surnommé MM par la famille, un homme mauvais que sa mère quitta pour épouser Josef Lee, avec lequel elle eut trois enfants. Elle quitta ensuite l'Allemagne pour revenir dans ses terres coréennes. Incapable d'entretenir une maison correctement et de cuisiner, Shim Sisun préférait écrire, et participer à faire changer les choses.
Dix ans après sa mort, alors que Shim Sisun a émis le souhait que sa famille ne célèbre pas son "jesa" rite funéraire où l'on rend hommage aux défunts, ses descendants décident tout de même d'en organiser qu'un seul qui aura lieu à Hawai. Les trois filles de notre matriarche: Myeonghee l'aînée qui a deux filles, Hwasu et Jisu, Myeongeun n'ayant pas d'enfant, et Kyeongha née d'une précédente union entre le second mari de Sisun, Hong Nak-hwan ayant une fille Hyerim et un fils Kyurim ainsi que leur frère Myeongjun, ils décident tous de se retrouver à Hawai pour célébrer qu'une seule fois, les dix ans de la mort de Sisun. Tous sont proches les uns des autres, bien que les trois filles soient plus proches entre elles d'avec leurs frères. On suit aussi les cinq petits enfants: Hwasu et Jisu filles de Myeonghee, Hwasu étant en congé maladie suite à un incident dans la boite où elle travaille, où un homme est entré et a aspergé les employés d'acide chlorhydrique. Choquée depuis, elle reste chez elle la plupart du temps, terrifiée de reprendre le travail. Sa soeur Jisu est célibataire quant à elle, et travaille en tant que DJ. Jisu est très proche sa cousine Uyun, la fille de Myeongjun et sa femme Nan-Jeong, ayant eu beaucoup de problèmes de santé plus jeunes, ayant bien failli mourir. Elle habite aux Etats-Unis et travaille en tant que conceptrice de monstres horrifiques et gore pour le cinéma et espère travailler sur un block-buster un jour. Quant aux enfants de Kyeonga, Kyurim est lycéen et sa petite soeur Hyerim est fascinée par les oiseaux.
Les filles de Shim Sisun, Myeonghee et Kyeonga travaillent toutes deux au sein de leur propre entreprise de communication après avoir essayé de relever celle du défunt Hong Nak-Hwan. Myeongeun est la seule sœur encore célibataire n'ayant ni logement ni travail fixe, quant au fils Myeongjun il est restaurateur d'œuvres. Bref, tout ce petit monde prend l'avion ensemble, rejoignent la maison qu'ils ont louée avec trois voitures de location, pour que chacun vive sa vie. pendant près d'une semaine voire plus, ils explorent l'île selon leur gré, Myeonghee la fille aînée se met au hula, Uyun au surf, Myeongjun à la visite de musées, Myeongeun à marcher sur l'île, Kyeonga se met en quête de bonnes graines de café, passion qu'elle partageait avec sa belle-mère, Hwasu, ayant toujours du mal à se lever, se réchauffe le cœur avec des pancakes... Tous ont le but de réunir avant la fin du séjour, un souvenir de l'île pour célébrer la défunte qui a fait d'eux qui ils sont. Des personnes fortes vivant selon leurs volontés, et pas selon ce que la société coréenne leur impose.
On assiste aux faiblesses des uns, aux difficultés, mais aussi aux espoirs, aux aspirations, aux rêves, aux passions des autres, tous liés par les liens du sang ou du cœur. Ils ont des travails atypiques, un grand respect des uns et des autres, tant de sentiments qui font du bien, malgré la présence de la maladie, de la mort, la simple présence des uns et des autres suffit à les rendre plus forts. L'alternance de points de vue est particulièrement intéressante, afin de permettre au lecteur de suivre tout ce petit monde, en en apprenant plus sur les uns et les autres. Shim Sisun était une femme qui fâchée que tous parlent de son fils génial sans parler de ses filles, disait à qui voulait l'entendre que son fils n'était pas bien vif contrairement à ces géniales filles. Une femme qui avait beaucoup d'amour à partager pour ces enfants et petits enfants, la seule qui n'avait quasiment aucun souvenir d'elle étant Hyerim, ayant développé très jeune une sensibilité particulière pour ses amis les oiseaux, fascinée par eux, bien que peu de monde ne la comprenne.
Ce séjour à Hawai est l'occasion pour tous de prendre du recul sur leur vie, de faire ce qui leur plaît et de rendre hommage à la défunte. Une très jolie histoire de famille que j'ai beaucoup aimée découvrir, de par l'aspect différent de cette famille, la force dans certaines familles des liens du sang, et de l'amour qu'ils se donnent. Je vous le recommande à 1000%.
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