Un petit bouquin coréen que j'ai quasiment tout lu en une journée, reçu en service presse, ayant pas mal discuté de la maison d'édition Picquier que j'aime beaucoup avec la représentante. Quand j'ai su qu'un nouveau polar coréen allait bientôt sortir en poche j'étais très curieuse, et bien qu'il ne s'agisse pas de mon rayon donc pas de mes choix, je l'ai tout de même demandé en SP. Mon collègue du polar m'a suivie et en a commandé quelques uns. J'avoue avoir à peine lu le résumé avant de le commander me fiant surtout au fait qu'il s'agissait d'un roman coréen avec le fameux quartier de Gangnam dans le titre. Dans ce récit guère reluisant sur les utlra-riches coréens, habitant ou faisant du business majoritairement dans le riche quartier de Gangnam, Gangnam étant d'ailleurs plutôt un arrondissement, Gangnam-gu englobant les quartiers de Sinsa, Apgujeong, jusqu'à l'est Samseong, en passant par le sud par Dogok, Yangjae, bref je vous laisse regarder sur une carte mais lorsqu'on parle de Gangnam, personnellement je visualise surtout le quartier autour de la station du même nom, rarement tout le "Gu" arrondissement étant bien plus grand.
L'auteur nous montre donc toutes les horreurs qu'il peut se passer dans ce quartier, que tout le monde connaît comme étant le centre névralgique des grosses entreprises ou chaebol et nouveaux riches se côtoient. On voit beaucoup de cliniques de chirurgie esthétique, de gens refaits et sapés comme jamais à Gangnam. Avec tout ce que j'ai pu voir de mon année en Corée, j'avais donc hâte de voir un peu ce que l'histoire me réservait. On suit plusieurs personnages principaux tous véreux: Mingyu avocat, vivant en couple avec sa femme, faisant chambre à part et trempant dans des affaires pas bien propres. Il est clairement payé pour étouffer des affaires. Jae-myeong de son côté flic, n'est guère plus reluisant car il est corrompu, et des personnes faisant de mauvaises choses l'achètent aussi pour qu'il étouffe leurs méfaits. Il est en plus de ça accro aux jeux, alors même que les jeux d'argent sont interdits en Corée, et est endetté de plusieurs centaines de milliers d'euros. Tout commence au sein d'un hôtel de luxe proche de la station Samseong, l'hôtel Carmen, pas encore ouvert au public, ayant accueilli une soirée privée pour des privilégiés. Cette soirée a dégénéré car ces ultra riches ont tous été retrouvés morts, accompagnés de cinq call-girls. Ils s'adonnaient à des partouzes, tous retrouvés nus dans un tableau semblable au "Déjeuner sur l'herbe" de Manet.
Jae-Myeong arrivé sur les lieux avec Mingyu et d'autres personnes peu recommandables reçoivent alors les ordres de faire passer chaque mort de ces cinq privilégiés pour des suicides, ou autres, mais en tout cas les traiter au cas par cas, sans que personne ne fasse le rapprochement avec les autres victimes. Dans le lot, Monky un solo artiste de Kpop avec un look très reconnaissable s'étant adonné avec les autres comme le directeur du service de supervision des finances, le procureur général de la cour d'appel de Séoul, un patron d'une grande société à cette orgie dont l'issue a été la mort. Ces hommes vus comme intouchables car faisant partie de l'élite ont été retrouvés en compagnie de très jeunes call-girls dont les morts seront tues. Mingyu va jusqu'à aller acheter le silence d'une des collègues des défuntes pour étouffer l'affaire. L'histoire est sombre entre addictions en tous genres, corruption, meurtre, appât du pouvoir et du gain, viol, prostitution. Bref, l'histoire se poursuit sur plus de 150 pages avec tous ces hommes aussi sombres et sans vergogne les uns que les autres, histoire librement inspirée de la réalité quand on sait que l'auteur est pasteur, et a infiltré en tant que chauffeur livreur, ces clubs exploitant des très jeunes filles...
La réalité des privilégiés en Corée est bien sombre, et m'a clairement dégoûtée, d'autant que quelques sujets actuellement au pays du matin calme, ressemblent beaucoup à cette histoire.
Mingyu et Jae Myeong nos deux protagonistes principaux étant censés avoir un travail défendant les droits et valeurs du citoyen présentent un Gangnam pourri, travaillant pour les plus riches et pour l'argent. Ils vont tomber sur des caméras leur en apprenant plus sur le tueur de cette fameuse nuit, pour tenter de trouver le coupable... Jae Myeong vers la fin du roman fait la découverte d'une vidéo atroce de plus de 20 minutes qu'il ne peut pas entièrement regarder, montrant les atrocités de cette nuit-là, mettant en scène d'éminents personnages de la scène politique coréenne... Bref, je pense que j'en ai assez dit, bien qu'il n'y ait pas eu un milliard de personnages, le récit n'a pas été si facile à suivre et est clairement éprouvant.
Une lecture dont je suis ressortie mitigée, guère à fond dans l'histoire, peut être parce qu'elle contraste trop avec la Corée que j'ai eu l'habitude de côtoyer pendant une année entière. Cependant je n'ai aucun doute sur la véracité des choses que l'auteur a vues et dont il s'est servi pour imaginer cette histoire, qui nous amène à voir les côtés très sombres de la société qu'il est important de connaître.
"Made in Gangam" de Ju Wob-Kyu, 8.50€
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