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Bienvenue à la librairie Hyunam

 Dans l'optique de sortir une vidéo sur deux nouveautés coréennes issues de la rentrée littéraire, j'ai enchaîné "S'aimer dans la grande ville" de Sang Young Park et "Bienvenue à la librairie Hyunam" de Hwang Bo-Reum. Toujours très curieuse de voir ce que nous réserve la littérature coréenne, j'avais bien hâte de lire ces deux-ci, ayant adoré celui de Sang Young Park, j'avais particulièrement hâte de me plonger dans une ambiance totalement différence avec une lecture douce genre japonaise avec celui de Hwang Bo-Reum, dont je n'ai trouvé que celui-ci traduit en français... Publié chez Picquier, j'étais sûre que le roman ne me décevrait pas et j'avais raison. 

On suit Yeong-ju, qui suite à un burn-out, arrête son travail. Vivant de façon très solitaire, elle réalise son rêve de jeune fille, celui d'ouvrir sa propre librairie. Elle imagine son propre espace où elle pourra lire inlassablement au calme en paix avec elle-même. Les premières semaines, notre apprentie libraire est majoritairement assise à lire, n'étant guère active. Elle apprécie d'avoir son propre espace qu'elle imagine comme elle le souhaitait. Elle se met en tête de proposer du bon café dans sa librairie, située dans un quartier guère fréquenté, celui de Hyunam. Elle engage alors pour ce faire un jeune homme du nom de Min-jun, ayant épuisé toutes ses ressources et énergie afin de trouver un travail. Il faut le savoir, même si vous êtes diplômé d'une bonne université en Corée, il est très compliqué de trouver du travail, celui-ci s'obtenant à force de beaucoup d'entretiens interminables. Min-jun alors vivant seul et galérant à survivre, se fait une raison et las de tous ces échecs, décide de vivre quelques mois avec ses économies en voyant ce que l'avenir lui réservera, tentant d'évacuer toute pression notamment de la part de sa famille. 

Un jour il tombe sur la fameuse librairie Hyunam, et adhère aux termes de Yeong-ju, ceux de travailler huit heures par jour, de 12H30 à 20H30 cinq jours par semaine, où le jeune homme préparera le café pour les clients, contre 12 000 wons de l'heure soit environ 9€. Une somme loin d'être mauvaise pour la Corée du sud, la propriétaire insistant pour que son futur employé ait ces deux jours off par semaine afin d'avoir un bon équilibre vie privée vie professionnelle, chose qui manque cruellement au pays du matin calme. Min-jun signe le contrat, Yeong-jun lui disant qu'elle tiendra la librairie deux années et c'est tout, cela lui allant parfaitement, ne s'imaginant même pas rester autant de temps. Tous deux débutent alors une nouvelle routine, Min-jun se rend à ses cours de yoga le matin, puis se rend à la librairie jusqu'à la fermeture, expérimentant l'art de faire le café qu'il perfectionnera des mois durant. Yeong-ju travaille avec un torréfacteur du quartier, chose qui lui tenait à cœur, Jimi, la responsable de la torréfaction se rendant chaque semaine à la librairie afin de vérifier que l'apprenti barista s'en sort bien. Min-jun se rendra désormais très souvent à la torréfaction Goatbean afin d'apprendre l'art de sélection des grains de café dont il se sert pour préparer le breuvage. Une activité dans laquelle il met tout son cœur, tandis que Yeong-ju voit la notoriété de son commerce grandir. 

En effet, revigorée par la présence de son employé très calme et peu loquace, Yeong-ju tient un blog sur lequel elle écrit des chroniques de livres, organise des rencontres avec des auteurs, puis des ateliers d'écriture, ainsi que des séances de visionnage de films et même des séances de club de lecture. Une activité effrénée qui permet une bonne croissance de sa librairie, mais aussi, inévitablement du stress et de la fatigue. Les habitués font leur apparition avec bien entendu Jimi devenant l'amie de notre héroïne, mais aussi Jeong-seo, une cliente qui deviendra proche de Yeong-ju, restant des heures à méditer ainsi qu'à tricoter, ne lisant jamais. Il va y avoir aussi Min-cheol, le fils d'une voisine inquiète de voir son fils de 17 ans apathique, intéressé par rien, faisant ce qu'on attend de lui sans véritable passion et chose qui le stimule. Seong-woo, un écrivain la nuit et employé de bureau le jour animera des ateliers d'écriture les samedis, étant passionné de linguistique coréenne, qu'il s'amuse à travailler et à creuser, en ayant même fait un livre. Yeong-ju l'invite lors d'une rencontre auteurs avant que celui-ci n'anime un atelier d'écriture. 

Yeong-ju parle de la similarité entre faire du café et lire un livre, étant persuadée que les rêves ne font pas tout, étant heureuse d'avoir ouvert sa librairie mais pas si heureuse que ça finalement. Lors d'une réunion avec des clients, ils en viennent à parler de la société coréenne les poussant à seulement vivre pour travailler et gagner de l'argent. S'ils travaillaient, seraient-ils moins payés? Et en seraient-ils heureux? Un moment du roman que j'ai trouvé très intéressant, parlant franchement de la société et de ses failles. Jeong-seo notre méditatrice tricoteuse se confie un jour en parlant du fait qu'elle n'ait jamais obtenu de CDI et que le statut de CDD comme partout ailleurs est particulièrement précaire, son ancienne entreprise lui promettant des années durant de lui offrir un CDI après moult projets, dont les éloges ont été faites à d'autres collègue... Les contrats en CDD facilitant les entreprises à pouvoir se séparer de ses employés en cas de coup dur, ce fléau touchant tous les domaines de travail. Or dans un hôpital dans lequel vous pouvez trouver des agents d'entretien et même des médecins en CDD, l'excuse n'est-elle pas ridicule? On aura toujours besoin de ce corps de métier non? Une réelle réflexion sur certaines aberrations de la société qui peuvent mener à la dépression et au burn-out, évoqués dans le roman. 

Des personnages en quête de sens, en questionnement perpétuel, se dirigeant vers ce qu'ils pensent être une source de bonheur, un très beau récit pas si mignon et cosy que ça, évoquant des vrais questionnements propres à l'humain adulte, particulièrement vivant en Asie. L'évolution de ceux-ci, la rencontre les uns les autres qui peut leur faire prendre confiance en eux et se rendre compte qu'ils ne sont pas seuls à avoir des difficultés, faire une activité qui met du baume au cœur et rend heureux sans chercher absolument la richesse pécunière, ce roman est pleins de beaux messages et vraies réflexions. Si vous aimez les ambiances un peu mignonnes cosy à la japonaise c'est fait pour vous, mais si vous êtes intéressés par un peu plus que cela, et par la société coréenne, il sera d'autant plus pour vous. 



"Bienvenue à la librairie Hyunam" de Hwang Bo-Reum, 22€

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