Second roman de la rentrée littéraire que je lis des éditions Iconoclaste. Après "Célèbre" de Maud Ventura, dans lequel j'ai adoré détester l'héroïne, le seul auteur masculin de cette rentrée nous amène à découvrir la vie de Jessie dans "Les hommes manquent de courage". L'auteur s'est inspiré d'une rencontre qu'il a faite avec une femme pour raconter son histoire. Je vous préviens ce roman ne sera pas simple, mais le dernier des éditions Iconoclaste qui sortira au même moment, le sera encore moins vous le verrez.
On suit donc une femme forte, Jessie, 43 ans, ayant deux enfants, Marco, issu d'une relation avec un homme, Ludo, avec lequel elle s'est rapidement séparée, puis a eu une fille, Nora avec Jalil, avec lequel elle vit actuellement. Jessie est prof de maths, mène une vie en apparence normale. Au début du roman, elle accueille la famille de son compagnon chez elle, venue tout droit de Tunisie, entre la sœur insupportable sans arrêt en quête d'attention et qui estime que Jessie doit tout lui payer, et le père sans arrêt en train de la juger, en fumant sa cigarette dans l'appartement. Sauf que. Marco 15 ans le fils de notre protagoniste n'a pas donné signe de vie depuis trois jours. Le troisième jour alors qu'elle vient de passer chez le coiffeur, Jessie reçoit un appel de son fils lui demandant de venir le récupérer, en pleine nuit quelque part. Jalil parti boire avec ses copains, et laissant sa fille à sa belle-sœur et à son beau-père, Jessie saute dans sa voiture. Elle découvre alors l'horreur après avoir récupéré son ado rebelle à une soirée. Elle le ramène dans sa voiture, ainsi que la copine de celui-ci, Jade. La jeune fille semble être fortement alcoolisée et vomit. Son fils lui explique ensuite qu'il l'a violé durant cette soirée. Sa mère ahurie écoute, et tétanisée, elle fonce en voiture toujours tout droit. Elle ne peut pas le ramener chez eux comme si de rien n'était à le laisser faire la grasse mat, c'est impossible.
Marco fume un pétard dans la voiture, ne répond que par monosyllabes, tandis que Jessie continue de rouler vite sur l'autoroute. Elle lui confie alors qu'elle aussi lorsqu'elle était jeune, elle a été violée, elle avait 18 ans, des rêves de danse et de scène pleins la tête, et un homme en a profité. Par la suite, la sexualité libérée, elle enchaîna les hommes et les expériences plutôt foireuses. Elle commença même à devenir escort, puis à se prostituer. Pour elle, c'était une manière de reprendre possession de son corps, de ses choix, de sa vie. Elle mena cette seconde "carrière" en parallèle de son boulot de prof ce qui lui donna du beurre dans les épinards et lui permit selon elle de retrouver sa confiance et son corps, bien qu'elle n'ait jamais guéri, normal, de ce traumatisme. Elle lui confie alors tout ça, le fils dégoûté, jugeant sa mère, alors que tous deux se retrouvent en panne de voiture sur l'autoroute. En attendant la dépanneuse, ils discutent, en partagent plus l'un sur l'autre, Jessie se confiant enfin sur ses traumas de sa jeunesse, afin de prévenir son fils que ce qu'il a fait est mal. Elle se demande alors comment elle en est arrivée là: avoir un fils désobéissant qui boit, se drogue, disparaît sans donner signe de vie, et en vient même à violer sa copine.
Des éléments de flashback apparaissent régulièrement pour permettre aux lecteurs d'en apprendre plus sur sa vie à elle, Jessie dont les parents ont trouvé cool l'idée de donner un prénom américain à leur progéniture, se voyant plus comme une Julia, son second prénom. Comment ses parents ne lui ont jamais donné signe d'attention et d'amour, s'attendaient à ce que leur fille leur donnent un fils, ne se préoccupant que peu de son bien-être, n'ayant jamais su que leur fille fut violée. Des parents qui lorsqu'elle eut 18 ans, divorcèrent, l'éloignant encore plus d'un schéma familial stable, où elle aurait pu se confier. Plus tard, elle perdit dans un accident son frère Benoit, une tragédie de laquelle elle eut beaucoup de mal à se remettre. La passion des maths qui l'amena jusque dans une prépa grâce à laquelle elle obtint un bac +5 puis devint prof, les maths qui lui sauvèrent la vie, lui permettant de se concentrer et lui proposant qu'une seule répondre juste ou fausse, c'est cela dont elle avait besoin.
Bref, au fil des pages on en apprend plus sur cette femme qui vécu le pire, le début de sa vie d'adulte assez chaotique et terrible. Une vie où l'amour de sa famille fut remplacé par l'inquiétude et l'affection amicale de la part de son amie Sophie, la seule qui sut pour le drame. Comment lors d'une soirée elle s'embrouilla avec elle après avoir couché dans les toilettes avec le crush de Sophie. Sophie sa seule vraie amie grâce à laquelle elle découvrir l'univers d'une famille aimante avec des vacances sympas et des parents présents.
Une histoire difficile, sur la famille, les rêves, les déceptions, les drames et les hommes. Comment se construire? Comment réagir? Comment être une bonne mère? Pleins d'interrogations que l'on se pose tout au long du récit, assistant assez impuissants à ce début de vie adulte chaotique. Les espoirs d'une mère pour son fils, qui ne souhaite surtout pas qu'il vive ce qu'il a vécu, et qu'il fasse du mal autour de lui.
"Les hommes manquent de courage" de Mathieu Palain, 20.90€
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