Ce tout petit roman ayant été adapté tout récemment en poche et en ayant commandé une dizaine, j'avais envie de le découvrir. Idéal pour lire à la librairie lors de moments calmes je l'ai donc commencé là-bas, et lu sur plusieurs jours entièrement au travail entre pauses dej et moments calmes. Sur 140 pages, l'auteur nous raconte l'histoire d'Amine, un homme revenant dans l'appartement de son père vivant seul depuis la mort de sa femme. Amine a fait des études de musique aux Etats-Unis, et est devenu connu dans le domaine, donnant des concerts et représentations dans le monde entier. Sa vie s'est fortement éloignée de celle de son père, qu'il n'avait pas revu des années. Un homme taiseux, pudique qui ne parlait pas. Amine avait besoin et envie de partir, loin, s'éloigner de ce père mutique, de la mort de sa mère et de celle de son frère survenue lorsqu'il était enfant.
Il découvre donc où vivait son père avant de décéder brutalement, ayant l'impression d'outrepasser l'espace vital de cet homme qui n'invitait plus grand monde chez lui à part ses filles qui se succédaient pour lui préparer à manger et l'aider. Amine découvre alors un magnétoscope et des cassettes que son père filmait à l'intention de son père et sa mère restés au Maroc, tandis que lui et son ami Dris ont fui le pays dans l'espoir d'une vie meilleure. Un début de vie française qui fut finalement très difficile, entre le travail sur les chantiers, à respirer de la poussière et porter des charges bien trop lourdes. Une véritable ségrégation a débuté où immigrés étaient traités comme des chiens, les patrons profitant clairement qu'ils aient à tout prix besoin d'un travail pour abuser.
Amine découvre donc qui était son père, sa vie alors jeune adulte, les difficultés rencontrées sans jamais se plaindre. Son père était un homme fort, fier et modeste qui ne se plaignait pas, gardant en tête qu'il avait des enfants à nourrir et une femme. Son fils, lors de ces écoutes, apprend alors que son père, alors jeune homme, était tombé amoureux de Paulette, une française chrétienne qu'il souhaitait épouser. Il tombe des nues, ne s'imaginant pas une seconde qu'il puisse avoir eu ce genre de vie avant de devenir son père. Cependant son père resté au pays ne voyait pas de cet œil une potentielle union entre son fils marocain musulman et une française chrétienne le forçant donc à épouser une musulmane. Ce qu'il fit.
Dans ce bref récit, notre pianiste part à la rencontre des personnes qui ont côtoyé son père pour apprendre qui il était. Ces rencontres d'anciens amis d'enfance comme le fameux Dris, l'éclairent sur la vie qu'a vécue son père, l'amour qu'il lui portait sans forcément le montrer. Une belle histoire de filiation, d'apprendre à connaître ses parents malgré la mort, le deuil et le devoir de mémoire. Les silences des pères finalement cachent beaucoup de choses
"Les silences des pères" de Rachid Benzine, 6.95€
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