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L'oeil et la perdrix

 Un roman que je me souviens avoir commandé pour mon rayon, et en relisant le résumé à réception je me suis dit que ce serait cool que je le lise. Quelques jours plus tard, j'ai commencé à le lire au boulot, le ramenant chez moi pour le terminer quasiment d'une traite. On suit deux femmes: Rose-Marie et Farida, la première d'origine corse, la seconde algérienne, toutes deux se rencontrant un jour à Toulon, où elles vivent, en 1957. Rose-Marie s'est mariée très jeune, à 16 ans en Corse, avec l'homme qu'elle aimait, Paul-Dominique, tous deux partis ensemble pour le continent, accompagné de leur premier fils François. Ils se sont installés à Toulon, Paul-Dominique ayant travaillé trente ans durant dans un atelier d'usinage, du travail à la chaîne. Sa femme de son côté n'a jamais été pleinement intégrée au continent, ne sachant que très peu lire et écrire. C'est sa fille Nonciade qui l'aidait à prendre confiance en elle. 

Sa fille avec laquelle elle faisait du shopping, avec laquelle elle a acheté une belle robe qu'elle n'aurait jamais pensé s'offrir. Cette jeune femme qui a vingt ans a disparu sans qu'on n'en sache plus jusqu'à la fin du récit. Rose-Marie a eu également un autre fils après François, Camille, un garçon indépendant, plus dynamique que son frère est plus calme. Sa fille lui apportait cette fraîcheur et cette joie de vivre qu'elle ne vit désormais plus... Ses deux fils sont partis assez loin, et elle vit la majorité de ses journées seule à la maison, même si son mari est désormais à la retraite, passant son temps entre les paris sportifs à l'hippodrome, la sieste et ses sorties. 

Un jour alors qu'elle se rend faire des emplettes, elle passe devant le bidonville de Toulon, composé comme son nom l'indique de bric et de broc, de tôle et de maisons improvisées. Elle fait la connaissance de Farida, alors qu'elle glisse et se blesse à la cheville. La femme d'à peu près son âge lui fait face, voilée, vêtue de vêtements chamarrés, et de son tatouage sur le front représentant une perdrix. C'es l'époque de la colonisation de la France en Algérie, des algériens venus en France dans l'espoir d'une vie meilleure.

 C'est le cas de Farida, de son mari et leurs trois enfants ayant quitté leur pays, à contrecœur pour Farida qui aimait tant l'Algérie. Séparée de son mari des mois durant, celui-ci parti en vu d'un travail meilleur qu'au bled, son mari lui manquait trop et a décidé de le rejoindre. Depuis, la petite famille vit dans ces conditions difficiles. Farida ne se plaint pas, femme lumineuse qui prend Rose-Marie sous son aile. Tous les regardent, cette française blonde et cette algérienne voilée. L'époque où les maghrébins sont mal vus, n'étant pas le bienvenue en France, n'étant jamais considérés comme français, mais n'ayant plus leur identité dans leur pays d'origine. Une bataille constante dans une quête d'identité. 

Elles décident de se retrouver chaque lundi pour discuter. C'est la bulle heureuse de Rose-Marie, le moment de liberté et de bonheur qu'elle s'octroie. Grâce à Farida, elle ouvre son esprit, prend position dans le confit opposant France et Algérie, prend des cours pour apprendre à lire et écrire, partage quelques pans de sa vie avec cette femme si différente d'elle mais dans le fond assez proche. Elle rencontre les enfants de son amie dont la petite Layla, enfant dynamique pleine de joie, une vraie boule d'énergie dans ce bidonville triste et misérable. Rose-Marie y passe tout son été, entourée de sa nouvelle amie qui lui apprend tant de choses sur son pays, rencontre les amies de Farida, sa famille. Elle devient une version plus lumineuse d'elle-même, retrouve la jeunesse de ses années passées. Des moments de flash-back du passé nous aident à comprendre la vie qu'elle a vécue avec son mari, sa vie de femme, de mère, son arrachement à son île et sa difficulté d'adaptation sur le continent.

Une très belle histoire d'amitié, de découverte de soi, de quête d'identité. Un livre dont on parle peu, mais qui pourtant mérite largement le détour, je vous le recommande vivement. 



"L'oeil de la perdrix" de Christian Astolfi, 21€

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