Un petit bouquin dont je me souviens parfaitement avoir eu sur mon bon de commande, ayant même demandé le service de presse jamais reçu.. Bref on est habitué par ici. Un roman ayant obtenu directement le prix Méduse 2023 ainsi que deux autres, pour ce premier roman écrit alors par une jeune femme de 21 ans. Alice Renard est révélée précoce et fait des études scientifique avant de se spécialiser dans la littérature médiévale. Son roman a été encensé par la critique. Pour ma part je l'avais brièvement vu, étant sorti alors que je n'étais même pas en France, mais j'avoue qu'il m'avait intriguée sans pour autant m'y intéresser plus que cela. C'est ça qui est intéressant aussi, d'avoir la pleine surprise en lisant le roman. Déjà, j'adore la couverture, l'adaptation en poche étant très réussie je trouve et comme il est fin, j'en ai profité pour le lire quasiment intégralement à la librairie.
On suit donc la vie de Isor, une petite fille au début du roman jusqu'à la fin de son adolescence. Isor n'est pas une enfant comme les autres. Diagnostiquée en avance pour son âge, elle ne parle pas, ne communique que très peu avec ses parents, désemparés devant l'état de leur fille. Les médecins pourtant sont unanimes en disant que mis à part cette intelligence supérieure, leur fille n'est pas si différente des autres. Certes elle ne parle pas, ne va pas à l'école, mais si elle le voulait elle pourrait faire tout cela. Coup d'autant plus dur pour les parents Maude et Camillio qui se disent que leur fille ne veut donc pas communiquer avec eux, et qu'elle pourrait si elle le souhaitait... Le roman est entièrement construit du point de vue alterné des deux parents, ainsi qu'à partir de la moitié du roman, de celui d'un voisin âgé devenant proche de la jeune fille.
On a donc jamais accès aux pensées de Isor, mais son personnage est si fort via les points de vue des autres, que c'est comme si on savait vraiment qui elle était. Ses parents font leur maximum pour s'occuper de leur fille, aménageant leur emploi du temps pour être au maximum avec elle, n'allant pas à l'école, ne pouvant pas vraiment sortir de peur d'hurler en public ou d'avoir des comportements socialement non acceptables. Ils amènent régulièrement leur enfant chez les médecins pour suivre l'évolution de son cas mais rien ne change vraiment. Enfant paraissant en retard étant finalement dotée d'une intelligence plus haute, puis adolescente toujours mutique ne parlant pas, n'écrivant pas, ne sortant pas la vie de ses parents est loin d'être facile. Elle adore regarder la télévision, fascinée devant les programmes étrangers, répétant les phrases en chinois, japonais, arabe qu'elle entend, se construisant son propre monde. Son père lui achète tout un tas de cassettes de films qu'elle regarde avec passion.
Mais un jour alors que tous deux doivent sortir urgemment, ils demandent de l'aide à un voisin âgé, de garder la jeune fille. Celle-ci découvre l'incroyable collection de CD du vieil homme qui écoute religieusement sa musique classique. Isor devient alors complètement accro à cette musique qui l'apaise. Le vieil homme est bien content de pouvoir partager sa passion avec cette enfant envers laquelle il éprouve beaucoup d'affection. La mère reste assez froide envers le vieil homme tandis que le père est plus sympathique, reconnaissant de s'occuper de leur enfant vue comme difficile. Avec le vieux voisin, Isor joue aux échecs des heures durant, écoute de la musique, est apaisée.
Mais un jour elle part, elle s'émancipe, écrit à ses parents et s'envole. En direction de l'Italie, le pays de son père. On a alors le récit de ses aventures via des cartes postales qu'elle envoie à sa famille. Une sorte de retournement de situation bien loin de la vie si routinière qu'elle a vécue des années durant. Les parents sont d'abord complètement ravagés avant de se faire une raison et la laissant expérimenter la vie. Un lâcher-prise nécessaire face à une enfant différente.
Une lecture atypique, de par le sujet et la façon dont le récit est construit, intéressant, parfois un chouia agaçant à cause du personnage de Isor à qui j'aurais bien mis quelques claques pour qu'elle communique avec sa famille en étant capable. Je suis quand même restée ouverte, évitant de trop la juger, et ai lu ce roman assez urgemment, que j'ai beaucoup aimé.
"La colère et l'envie" de Alice Renard, 6.95€
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