Il y a celles et ceux qui sont sceptiques ou qui n'aiment pas particulièrement Amélie Nothomb. De mon côté je l'aime bien. J'ai lu il y a quelques mois "Pétronille" écrit il y a une dizaine d'années que j'avais beaucoup aimé, racontant la rencontre d'une fan devenant une amie. Lorsque j'ai su que comme chaque année, la fameuse autrice belge allait sortir un autre livre, j'étais assez curieuse. Comme d'habitude les librairies ne reçoivent pas d'exemplaires en avance, à ce que cela ne tienne, je l'ai emprunté à la librairie une petite dizaine de jours après sa sortie. Ayant lu juste avant un autre roman de chez Albin Michel, spoil celui de Emma Becker que je n'ai pas bien aimé, j'avais envie de continuer sur ma lancée Albin Michel avec la fameuse Amélie Nothomb.
J'avais entendu dire qu'il parlait du Japon, j'ai donc été ravie de le lire. Commencé un mercredi midi et terminé un jeudi matin, les romans de l'autrice belge ne sont jamais très longs et se lisent vite certes, mais bien écrits, et emprunts de vrais questionnements personnels que j'ai beaucoup aimés découvrir dans ce roman. Etant allée au Japon deux fois et aimant beaucoup ce pays, j'avais donc hâte d'en savoir encore plus du lien avec ce pays qu'entretient Nothomb. J'avais su qu'elle y avait vécu lorsqu'elle était enfant, jusqu'à ses cinq ans avant d'en partir et d'y revenir trois petites années durant le début de sa vingtaine, lui ayant inspiré deux romans dont le célèbre "Stupeur et tremblements". Malgré cet attachement et cet amour pour ce pays beaucoup d'éléments ont fait qu'elle ne se sentait plus de vivre au pays du soleil levant. Elle ne pouvait plus.
Ensuite, la solution de repli était Bruxelles, mais finalement c'est Paris que l'écrivaine a choisi, ville qui lui convient finalement bien. Elle est retournée au Japon une seule fois entre sa vingtaine et son présent, jusqu'à ce qu'en 2023, accompagnée d'une amie artiste Pep, elle y retourne. Cette dernière ayant gagné un prix lui faisant gagner un aller-retour long courrier pour le pays de son choix accompagnée de quelqu'un, elle choisit le Japon accompagnée de Amélie Nothomb, son amie dont elle connait son amour pour l'Empire.
Il est donc question du récit de voyage des deux amies au Japon, une première depuis longtemps pour Amélie, et une première tout court pour Pep. Un flot d'émotions submergent Nothomb, alors qu'elle est dans l'avion, se rappelant des souvenirs avec son père, avec lequel elle n'était guère proche, mais avec lequel elle a pourtant de bons souvenirs au Japon. Une langue qu'elle ne maîtrise plus vraiment mais dont elle retrouve des bribes, son accent du Kansai qui revient alors que toutes deux atterrissent à Osaka avant d'aller à Kyoto. Elle nous raconte ces dix petits jours de voyage entre Kyoto, Nara et Tokyo, trois villes que j'ai en plus faites, voyant quasiment à chaque jour des lieux desquels elle parlait. Il y avait donc un affect certain de mon côté.
Amélie serait bien incapable de se rappeler d'où elle habitait à Kyoto, tout a changé, mais en même temps est resté pareil. Ce lien avec ce pays si fort lui donne envie d'y rester à tout jamais en sachant très bien qu'elle en est incapable pour on ne sait quelle raison. "J'ai essayé de vivre ici, j'en suis incapable. Pour autant, mon amour pour ce pays est profond. Le Japon est mon premier échec amoureux et chaque fois que j'y reviens, je revis ce coup de foudre et le constat que je n'y arrive pas". Elle tente de canaliser ses émotions intenses qui la traversent de souvenirs en sillonnant et visitant des endroits déjà connus. J'ai clairement eu l'impression de refaire une visite à mon tour, notamment lorsque les deux amies sont à Kyoto et Nara. Elles se rendent par exemple aux très célèbres temples Kiyomizu-dera et Kinku-ji qui émerveillent nos deux protagonistes. "D'où que nous l'envisagions, le Kinkaku-ji flambe au soleil. Sa splendeur est une provocation. Se contenter de le contempler humilie". Je vois exactement ce qu'elle veut dire ce qui m'a fait un drôle d'effet entre mes souvenirs, ceux d'Amélie, et la découverte de ce pays par son amie.
Elles visitent ensuite Nara après avoir déambulé dans les rues de Kyoto avec d'amusantes anecdotes, l'habitude de notre écrivaine de se lever aux aurores pour écrire, 4h au Japon, leur séjour dans une ryokan (maison traditionnelle). Le voyage se termine par plusieurs jours à Tokyo, manquant être présentée aux autorités après avoir perdu son ticket de train. Amélie ne se souvient plus que la gare de Tokyo est si proche de Ginza, prenant un taxi pour quelques centaines de mètres. Se met en pilote automatique pour se repérer dans le métro. Observe Tokyo gigantesque de la vue de son haut immeuble de Ginza. Tentant toujours de canaliser son trop plein d'émotions qui la submergent aux yeux de Pep, à chaque fois qu'elle se rend au Japon, en rendant le départ si difficile.
Je pense que j'ai un affect semblable avec la Corée, comprenant donc ce qu'elle ressent, et même si je n'ai pas vécu à l'étranger plus d'une année, je comprends certaines émotions qu'elle peut ressentir en retournant dans ce pays si important pour elle. Là-bas, elle visite avec Pep, rencontre une amie française de celle-ci installée là-bas, visite des lieux célèbres qu'elle n'avait jamais pris le temps de visiter... Elle en oublie même son champagne pour du whisky.
Un réel retour aux sources, à un amour pur, une belle histoire, un récit de voyage, la redécouverte de soi, de lieux familiers, et d'autres moins. Le temps qui passe, la ville qui change mais les souvenirs toujours intacts. Un roman que j'ai beaucoup aimé
"L'impossible retour" de Amélie Nothomb, 18.90€
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