Wunderland

 Le dernier livre de chez Albin Michel que je lis pour maintenant, de cette rentrée littéraire. J'en lirai peut être d'autres, notamment le Ardone et Olmi mais on verra plus tard. J'ai assez galéré avec cette série de trois romans dans le but de vous faire une vidéo rentrée littéraire Albin Michel. On clôt donc cette série assez diverse et qui me laisse un sentiment très mitigé entre le Becker hyper sexuel et long, le Nothomb que j'ai adoré où on suit l'écrivaine dans son retour au Japon, et celui-ci "Wunderland" de Pauline Clavière où on replonge dans le passé, dans un bled de France pour tenter de comprendre. 

Je me souviens très bien avoir eu ce roman proposé sur un bon de commande, m'étant dit que ça pouvait être très cool de le commander. L'histoire me plaisait bien, celle de Mariella et Brunhilde deux jeunes femmes, la première suisse allemande et la seconde allemande, qui débarquèrent dans un petit patelin du Cantal en 1977. Et en 2022, comment une mère, Lili âgée d'une soixantaine d'années et sa fille de 34 ans retournèrent dans ce village pour tenter d'en savoir plus. On comprend à la fin, mais tout en m'en doutant tout du long, que l'autrice journaliste et écrivaine s'est servi de sa propre histoire pour raconter ce roman. Sa mère est bien originaire du Cantal où vit toujours une partie de sa famille, Pauline s'y rendait également enfant avant de refaire un pèlerinage des années plus tard pour comprendre l'histoire de sa mère et donc de la sienne. 

Le roman se déroule sur plusieurs époques, trois principales, 1944-1945, en pleine fin de seconde guerre mondiale. On suit Antoine, se faisant prisonnier de guerre, dans la ville de Unna en Allemagne, avant d'habiter chez une famille d'allemands, jusqu'à la libération. Il a été séparé de celle qu'il aime Juliette, et de leur fils Lucien. Pourtant, la famille dans laquelle il vit n'est pas méchante, il s'est même rapproché d'Ursula et Hermann le couple chez qui il vit, ainsi que de leurs enfants. Une fois les américains débarqués dans la grande, il fuit en protégeant Ursula et les enfants avant de rentrer chez lui dans un bled du Cantal. Cependant, il n'ose parler de la guerre, tous font comme si de rien n'était, ne parle à quiconque de son ressenti et de son amitié envers ceux vu comme ses oppresseurs, jusqu'à rencontrer Brunhilde et se confier à elle. 

1977. Ce fameux bled du Cantal voit débarquer deux jeunes femmes, Mariella et Brunhilde, suisse allemande et allemande, qui décident de s'installer là. Tous les habitants majoritairement paysans sont très surpris, les regardent fixement, les jaugent, les considèrent comme ennemies, n'ayant pas oublié les atrocités de la guerre que leur peuple ont fait subir aux français. Elles débarquent un jour de fête de village et ne passent par inaperçu. Mariella est joyeuse et avenante tandis que Brunhilde paraît plus froide et distante. L'une est aussi blonde que l'autre est brune. Rapidement elles se lient d'amitié avec certains habitants du quartier, Giselle, Boris, Antoine, Emile, le père Murat, tous les aident et les prennent sous leurs ailes surtout Antoine qui loue sa grange aux filles pour qu'elles y vivent. Elles ont l'idée d'ouvrir un atelier de céramique, tout est donc mis en œuvre pour ce faire. Finalement ce sera Mariella qui restera dans la grange, et on fabriquera une maison faite de bulles pour Brunhilde où on installera le four à 1200 degrés nécessaire à la création. La présence de ces inconnues transforme les habitants, certains montrent leur vraie nature, fermée, hostile, tandis que d'autres sont à même de les accueillir comme il se doit. Mariella tombe amoureuse d'Emile, tandis que Brunhilde préfère avoir des relations plus légères. Les deux femmes restent proches mais préfèrent vivre séparées. 

2022, la narratrice, sûrement Pauline donc et sa mère Lili retournent dans cette petite bourgade du Cantal qui a vu naître et grandir Lili. La narratrice a l'envie d'écrire un livre sur sa famille, et souhaite donc recueillir des témoignages relatifs aux deux étrangères, et sur l'histoire de sa propre famille. Elles apprennent beaucoup de choses en discutant notamment avec Lucien, le fils d'Antoine électrocuté des années auparavant, mais n'ayant eu aucune séquelle. Il raconte à la mère et la fille ce qu'il s'est passé cet été 1977. La mère et la fille rencontrent également lesdites Mariella et Brunhilde pour avoir leur version de l'histoire. Une vie de ferme, occupée à s'occuper des animaux et de la traite pour Brunhilde et de la création de céramique pour Mariella. La mère et sa fille rencontrent même lesdites Mariella et Brunhilde afin de discuter directement avec elles, vivant toujours dans le village. On comprend mieux certaines choses grâce à leurs récits, ce qui apporte de la profondeur au roman. 

Bref une vie bouleversée par l'arrivée de deux étrangères, représentant le danger pour un peuple ayant vécu l'invasion allemande. Tous se demandent ce qu'elles fichent ici, le lecteur se pose également des questions avant de comprendre à la toute fin de l'histoire. J'avoue avoir beaucoup aimé le début, m'être lassée vers le milieu avant de retrouver un intérêt vers la fin. Je n'ai pas été mécontente d'en venir à bout cependant.

"Wunderland" de Pauline Clavière, 21.90€