Un livre que je voyais dans les rayons de mon collègue en littérature étrangère depuis quelques temps et qui me donnait très envie. Un jour de mi-décembre je me suis décidée et j'ai tellement bien fait! Publié aux éditions "Les escales", il s'agit du premier roman de l'autrice irlandaise Kate Collins, qui a décidé de situer son récit au sein d'une grande maison nommée la "reeve", en anglais signifiant se défaire, s'effilocher. On suit deux familles sur deux époques: 1976 avec Lydia une jeune fille au pair s'occupant de quatre enfants, et en 2017 avec Orla, son mari pas mal absent Nick et leurs deux enfants. Dans les deux cas, les deux femmes et leurs familles voient des choses qu'ils ne devraient pas voir. Un roman avec une ambiance assez particulière donc, assez sombre et dérangeante que j'ai adoré lire.
Je crois l'avoir fini en trois jours, j'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce roman à l'ambiance si singulière que je ne peux que vous recommander. On suit donc en 1976 Lydia la vingtaine, jeune fille au pair aménageant avec la famille pour laquelle elle travaille, dans la fameuse maison surnommée la Reeve, dans le Dorset, isolée à flanc de falaise, au milieu des vents. Rose sa patronne a perdu son mari, et souhaitait que toute sa famille composée de Philippe son fils d'une dizaine d'années, ses jumelles un peu plus jeunes et Owen encore bébé, changent d'air. Lydia accepte donc de les suivre, logeant au grenier. Cette maison est immense, une grande verrière surplombe le dessus de la maison, le vent est très présent, il n'y a que du simple vitrage, la propriété a un étang en son sein. Rapidement, la jeune fille ne se sent pas à l'aise dans cette immense maison, qu'elle essaye de quitter au maximum mais Rose ne le voit pas de cette manière... Travaillant en tant que comptable dans son bureau, la maîtresse de maison souhaite garder ses enfants à proximité, même si elle ne s'en occupe guère.
Philippe l'aîné est un petit garçon très calme, le chouchou de Lydia, Tabitha et Clover les jumelles sont plus dynamiques et indépendantes, quant à Owen, ce n'est encore qu'un bébé qui a besoin d'attention. Lydia aimerait emmener les enfants à la plage ou au village mais ne peut guère le faire sur ordres de Rose. De plus, ils ont tous été déscolarisés durant le temps d'une année, afin que toute la familel se "retrouve"... Lydia s'occupe majoritairement des enfants seule, et heureusement, Dot une jeune fille du village vient tous les jours faire à manger et s'occuper un peu de la maison. Une compagnie qui n'est pas de trop pour notre jeune londonienne arrachée à sa grande ville. Des phénomènes étranges commencent à survenir comme une bille qui route seule aux pieds de Lydia, elle aperçoit des silhouettes, les filles lui disent qu'elles jouent avec un petit garçon, dont Lydia n'a aucune connaissance... Elle a l'impression que la maison vit avec elle, comme si elle était vivante, une entité très forte à part entière.
2017: Orla a la trentaine, a deux enfants, Sam 3 ans qui ne parle pas et Bridie encore bébé. Son mari a fortement insisté pour qu'ils emménagent ici après avoir quitté Bristol, sans vraiment que Orla ait eu le choix. A peine arrivés, ils savent que de nombreux travaux seront à réaliser, la demeure ayant été inhabitée pendant quelques temps: la pose du double vitrage, s'occuper du jardin qui a grand besoin d'être entretenu et j'en passe. Le deal est clair dans le couple: Nick sera absent toute la semaine travaillant à Bristol, et Orla restera dans cette maison isolée pour élever leurs deux enfants. Déjà là je me suis dit qu'il y avait un problème de taille... On voit rapidement que Nick n'est pas du genre à accepter le "non" en réponse, que Orla se soumet à lui, même si parfois durant le récit elle n'hésite pas à se rebeller et à lui faire remarquer qu'il n'est jamais là. Vrai.
Rapidement elle se sent suffoquer dans cette maison bien trop grande pour eux trois, quatre le week-end. Depuis la naissance de Bridie elle ne travaille pas, elle se doit donc, selon son mari, de s'occuper des enfants. Ce qu'elle fait des semaines durant, seule dans cette maison qui semble respirer avec elle, dans laquelle elle se sent isolée, sans réseau, internet, sans voiture également, ne se rendant que rarement au village. Elle ne se sent pas à l'aise et ressent de mauvaises vibrations. Elle ne demande qu'à partir de là mais ses options sont limitées. Elle n'a aucune notion de l'heure, mange quand elle a faim, dort quand il n'y a plus de soleil, mais le temps semble s'écouler différemment à la Reeve. Nick n'est que reproches et fierté mal placée lorsqu'il revient chez lui. Il regrette que leur fils ne communique pas par la parole avec eux, Orla insiste en lui disant qu'il parlera quand il sera prêt. Leur relation va aller de mal en pis au fur et à mesure que le temps passe, et que Orla voie de plus en plus de phénomènes bizarres. Des portes qui se ferment seules, des silhouettes, se sentant épiée depuis le jardin. Heureusement, Toby, un jeune garçon du village s'occupe de la propriété, rendant les journées de notre protagoniste plus gaies et moins oppressantes.
Elle fait la connaissance de Alice et Claude du village, tenant un café, grâce auxquels elle va se remettre à la peinture, étant artiste de profession, en vue d'une future exposition. Ce travail l'accapare beaucoup, mettant toute son âme dans ses œuvres, dont un portrait de son fils qui semble changer par rapport à ce qu'elle avait peint... L'ambiance est assez sombre, genre huis-clos, ses habitants ne s'échappant guère de cette grande demeure un peu effrayante. Orla tombe un jour sur une chaussure d'enfant semblant appartenir à des siècles auparavant, les phénomènes s'enchaînent sans qu'elle puisse l'expliquer donnant lieu à des disputes avec son mari lorsqu'il est présent. Orla, mis à part Toby, le couple du café, Helen son amie à qui elle téléphone régulièrement et Eva la mère de Nick, n'est en contact qu'avec un nombre de personnes limitées, commençant à dépérir.
Deux femmes, deux époques, deux familles, ayant pour point commun de vivre de drôles d'expériences au sein de la même maison. Une ambiance particulière, gothique que j'ai beaucoup aimée. Un roman dont la lecture est addictive.
"La maison idéale" de Kate Collins, 23€
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