Sixième roman de cette rentrée littéraire d'hiver que je lis, ou même septième si on compte le Foenkinos qui sort le 6 février, dans deux semaines au moment où j'écris. Comme j'avais lu "Tout le monde aime Clara" juste avant, je me suis dit que ce serait sympa de continuer dans cette lancée de romans de chez Gallimard pour vous en faire une vidéo, chose que j'avais déjà faite pour la rentrée littéraire d'automne.
Dans ce livre-ci que j'ai retrouvé sur mon étagère dédiée à la rentrée littéraire et aux nouveautés que je souhaitais lire, on évoque un fait-divers ayant eu lieu en 2016, une véritable affaire ayant divisé l'opinion publique de Romain D, 28 ans ayant reçu une bombe de désencerclement sur le crane et étant resté des semaines durant dans le coma ayant failli mourir. Une affaire à laquelle je ne m'étais pas intéressée, ce roman ayant permis de m'éclairer sur pas mal de points.
En premier lieu on parle donc de la réaction de ses proches, je précise que mis à part le prénom de Romain, tous les autres prénoms ont été changés. Ses parents Agnès et Gilles sont en vacances dans leur maison secondaire du Cap-Ferret lorsque leur fille Clotile médecin leur apprend la tragédie venant de survenir. Celle de leur fils Romain, ayant été admis en urgence à l'hôpital suite à un projectile reçu dans une manifestation pour la loi travail à Paris. La première réaction du couple est : Romain dans une manif? Ca n'a pas de sens. C'est tellement énorme qu'au lieu de se dire que leur fils va peut être mourir, leur première réaction est celle que la présence de leur fils dans une manif est tellement incongrue. Clotile elle aussi, chef de clinique de gynécologie obstétrique sortant d'une garde de plus de 24 heures, se rend donc en urgence au chevet de son frère amenant ses enfants encore jeunes à son amie Zoé se mariant deux jours après.
Son mari Sandro est heureusement là pour la soutenir, arrivant lui aussi en urgence étant au moment de l'annonce de l'admission aux urgences de Romain, en séminaire à Bordeaux. Egalement médecin de métier, il va grandement aider sa compagne durant tout le temps du coma de Romain ainsi que l'après. Judith la plus jeune sœur de Clotile et Romain est également évidemment appelée, apprentie artiste. Leur grand-mère Françoise 75 ans se rend également à l'hôpital, une figure de femme forte, ayant divorcé de son mari des décennies auparavant. Tout commence donc ce 26 mai 2016. Une affaire d'état commence alors. A l'époque le gouvernement est socialiste, le gouvernement de François Hollande, certains personnages ne réalisant pas qu'une bombe de désencerclement, un objet aussi dangereux ait pu être lancé sur une personne sous un gouvernement de gauche. L'histoire est très politique forcément, le ministre joint alors toutes les heures la famille pour avoir des nouvelles, plutôt par peur de débordement que par réel intérêt soyons honnêtes, le même ministre devenant premier ministre avant la fin du mandat du président. Faites vos recherches, j'ai trouvé son nom...
La famille vit alors des heures, des jours, des semaines d'angoisse durant lesquelles ils doivent obéir aux directives de l'hôpital concernant les heures de visite, doivent jongler avec leurs obligations familiales et professionnelles, Clotilde prenant du temps off pour son frère tout comme son père Gilles scénariste de métier. Les évènements s'enchaînent entre l'appel dudit ministre au père de Romain D un symbole étant alors créé. Gilles, Agnès et Clotilde se rendent alors place Bauvaux pour un entretien avec le ministre et du préfet de police, véritable blague, entretien durant lequel le préfet fait comprendre aux parents que Romain n'avait qu'à pas se trouver là, qu'il aurait du porter un casque et qu'il a du se prendre une boule de pétanque par un manifestant. Même si tout un tas de vidéos prouvent qu'il n'y avait alors aucun militant armé de quoi que ce soit à part quelques bouteilles en plastique, que la manifestation était en train de se terminer et que Romain ne manifestait même pas, le préfet maintient sa parole. La famille commence alors à vivre un véritable enfer entre tentatives de les faire taire ou d'enterrer cette histoire, journalistes pro et contre ce fait-divers, bref le début de l'enfer.
Heureusement Romain se réveille sans séquelles très graves, mais doit tout de même prendre un traitement antiépileptique à vie, conséquence de la bombe qu'il s'est prise ayant entraîné une opération au crane lui ayant laissé une cicatrice de vingt centimètres. L'hôpital semble comploter pour sous-estimer les conséquences de cet "accident", le ministre cesse d'appeler lorsque Romain se réveille et la police maintient malgré encore une fois les preuves vidéos, que la situation justifiait que les policiers se défendent, mettant en cause les soi-disant manifestants. Il faut savoir alors, grâce à des témoignages et à la Gopro qu'avait achetée Romain, qu'il se trouvait alors dans un jardinet où des policiers commençaient à s'en prendre à un adolescent, bien en marge de la manif, et qu'il observait juste, réalisant une sorte de reportage amateur. A son réveil il ressort une phrase aussi, certainement la dernière qu'il a entendue avant de sombrer du genre qu'il a été "blessé par un manifestant et pas par un CRS", une drôle de scène ayant été filmée, celle de Romain amené dans un camion de pompier accompagné de CRS, restant plusieurs minutes à l'intérieur, le camion bougeant, et ayant été transporté à l'hôpital en plus d'une heure et demie. Pleins d'éléments bizarres qui questionnent la famille de Romain ainsi que lui-même. Malgré toutes ces preuves, l'avocat engagé par la famille de Romain, Clotile et Gilles se battant aidés de Sandro pour faire entendre la responsabilité de l'état français dans cette affaire rien ne se passe comme prévu.
Romain place toute sa confiance en son avocat qui fait de son mieux, montant un dossier béton, se rendant uniquement sur le plateau de BFM afin de faire entendre cette histoire injuste aux yeux de la France entière, le but final étant de dépêcher un juge d'instruction sur cette affaire qui commence déjà à s'essouffler. De leurs côtés, Agnès devient de plus en plus fataliste et désespérée devant tant d'efforts vains, sa plus jeune fille Judith est plus pacifiste, espérant que son frère obtiendra gain de cause mais ne se bat pas contrairement à Gilles et Clotilde ne lâchant rien. Judith juge ses parents bien naïfs quant à leur confiance en le ministre qui semble sincèrement touché par cette affaire. La fiancée de Romain Nastassja est revenue d'urgence d'Islande où elles était traductrice pour un film russe, jeune femme pondérée, et tachant de retrouver le Romain qu'elle avait connu qui n'est évidemment plus là.
Durant les mois puis les années que prend cette véritable bataille politique pour prouver la responsabilité de la police et donc de l'état, Romain adopte une attitude de miraculé et veut faire entendre la vérité. Cela va l'éloigner de Nastassja qui veut juste que les choses redeviennent comme avant. Il reprend son travail dans l'entreprise qu'il avait créée, il continue de voir régulièrement son avocat, est reçu par un juge d'instruction qui le prend de haut et juge à charge. Le défenseur des droits, seule institution pouvant rendre un verdict honnête sans pression étatique est dépêchée sur cette affaire appuyant l'injustice de cette situation et la responsabilité de l'Etat. Pourtant cela ne change pas l'avancée de l'enquête qui piétine et ne rend pas justice à Romain. Certains témoins changent leurs témoignages, d'autres bavures policières du même style explosent dans les médias tandis que Romain doit vivre avec le fait que justice ne lui sera sûrement pas rendue.
C'est ensuite au tour du Covid d'arriver et de changer tout. Romain doit licencier, il s'isole et les choses n'avancent pas. Cela durera en tout et pour tout six ans pour un verdict décevant mais prévisible. Le jeune homme tente d'être positif jusqu'à la fin malgré tous les éléments jouant en sa défaveur.
Une lecture forte et poignante, ahurissante, politique, dans laquelle je me suis énervée plus d'une fois étant une réelle affaire donc l'affect est d'autant plus présent. J'ai tiré comme conclusions de cette lecture, de ne pas croire tout ce qu'on lit dans les médias, de l'importance de croiser ses sources pour éviter la désinformation et les mensonges que l'état peut vouloir nous faire croire. Un roman que j'ai lu rapidement voulant absolument connaître le fin mot de l'histoire. Je vous le conseille plus que vivement.
"La manif" de Nelly Alard, 20€
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