Le second roman de la rentrée littéraire hivernale que je lis avec "Les indignes" roman de Agustina Bazterrica, autrice argentine. J'avais demandé le service de presse de ce roman à caractère dystopique que j'ai décidé de lire assez rapidement après mon début de découvertes de la rentrée littéraire d'hiver. Dans ce roman assez court, 190 pages, l'autrice nous présente clairement une dystopie dans laquelle la fin de l'humanité a plus ou moins sonné, les terres sont désormais infertiles, les pluies sont acides, il n'y a plus d'eau courante, plus d'électricité, plus internet, l'IA a pris le pas sur les humains et a causé la perte de ceux-ci. On suit une femme dont on ignore le nom, recluse depuis un temps paraissant assez long au sein d'une sororité. Elle vit dans une espèce de monastère, lieu religieux très spartiate où il fait très froid l'hiver, il y des insectes, elle dort dans une cellule.
Au sein de cette sororité religieuse clairement semblable à une secte, les femmes étant considérées comme des immondices et des traitresses devant se repentir, vénèrent un dieu, un homme dont elles n'ont jamais vu le visage. La sœur supérieure, la personne d'autorité juste en dessous de cet homme, est habillée avec un pantalon et des bottines, un look très masculin et strict, représentant l'autorité quasiment suprême au sein de ces murs. Elle terrorise tout le monde et est chargée de faire régner l'ordre. Le soir, on entend ses pas lourds résonnant dans les cellules. On raconte beaucoup de légendes à son sujet, comme quoi elle aurait vécu la fin de l'humanité, combattu pendant les guerres.
Toutes vivent en autarcie et veulent se faire bien voir de la communauté. Pour ce faire, elles sont prêtes à tout, à se sacrifier, endurer des sévices qu'elles envisagent comme des sacrifices, différentes sortes de tortures, comme marcher sur du verre pilé ou sur du feu, pour atteindre le stade supérieur et obtenir le pardon (quel pardon je ne sais pas...). Toutes les jeunes ou moins jeunes femmes sont appelées indignes, sous elles se trouvent les servantes qui comme leur nom l'indiquent s'occupent des cultures, de la cuisine, des plus basses besognes. Celles-ci ont très souvent la langue amputée, car elles ne doivent pas communiquer avec le reste. Lorsqu'une indigne est plus valorisée qu'une autre, elle devient une illuminée, et elle est alors à la merci de l'homme dont on n'a jamais vu leur visage, leur Dieu. Mais pour ce faire elles doivent entrer dans les bonnes grâces de la Sœur supérieure.
Notre protagoniste dont on en apprend plus sur sa vie d'avant au compte-gouttes, endure tout ceci, même si elle enfreint les règles de la sororité, en écrivant une sorte de journal avec de l'encre faite grâce à des baies ou même quand celle-ci manque, avec son propre sang. Elle cache les feuilles dans une interstice dans le mur qu'elle a créée. Sa vie n'est pas des plus simples, habillée chaque jour d'une robe de bure inconfortable, devant se plier aux lubies de la sœur supérieure comme les sévices que chacune doit subir. Tout commence avec Lourdes, une des indignes, toujours prête à se sacrifier en subissant les supplices, tortures et flagellations. Un jour, notre héroïne voit dans le jardin qui donne seulement quelques légumes à manger, une femme déambulant. Elle va à sa rencontre et c'est ainsi que Lucia, le nom qu'on lui donne rejoint leurs rangs. Elle est rapidement prise en grippe par beaucoup étant considérée comme une sorcière.
Les jours et semaines passent, notre protagoniste continue d'écrire secrètement son journal, les indignes continuent de se faire torturer pour se repentir, et notre héroïne se rapproche de la nouvelle venue qui a tout fait changer depuis son arrivée. Il ne se passe pas tant de choses que ça, vivant dans un lieu éloigné de tous, le lecteur assistant aux sévices faits sur les femmes qui sont particulièrement difficiles... Celles-ci mangent continuellement des grillons, ne peuvent guère se laver et empestent. Je me suis bien représenté les lieux et l'ambiance, que je n'aimerais clairement pas vivre...
Un récit qui change de ce que je peux lire habituellement, proposant une sorte de vie après la chute de l'humanité et des ressources, qui tourne mal, d'où le fait qu'on parle de dystopie. J'ai bien aimé, mais j'ai apprécié également que le roman ne soit pas trop long, je ne me serais pas vue en lire plus dans une telle ambiance.
"Les indignes" de Agustina Bazterrica, 21.50€
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