Après avoir lu et adoré "La poule et son cumin", roman de littérature française poche que j'ai largement le plus conseillé à mes clients en 2024, j'avais très envie de lire le dernier roman de Zineb Mekouar à savoir "Souviens-toi des abeilles" que j'avais commandé en seulement quelques exemplaires à sa sortie, vendus rapidement, dont j'ai recommandé quelques exemplaires ensuite, me disant qu'il fallait vraiment que je le lise. On retrouve le Maroc dans ce beau roman qui parle de la famille, de la transmission, du deuil, de l'espoir, mais aussi des abeilles, raison pour laquelle le titre parle des abeilles.
On suit dans le village de Inzerki, une famille composée de Aicha, son mari Omar, leur fils Anir et le père de Omar, Jeddi, un vieil homme apiculteur. Omar est parti pour Agadir afin de gagner de l'argent et ne rentre que peu voir son fils qui grandit loin de lui et loin de sa femme qui ne réagit même plus. On apprend en effet rapidement via le biais de Anir, encore enfant, que sa mère n'aime pas le crépuscule, qu'elle ne sort que rarement de chez elle, qu'elle fredonne mais ne parle plus. Elle ne communique plus avec personne, le village la considérant comme une paria folle, comme possédée, mais on en ignore la raison. Le petit Anir est très souvent avec son grand-père Jeddi, seule figure d'autorité qu'il a autour de lui. Le grand-père apprend à son petit-fils l'importance des abeilles, leur mode de fonctionnement, possédant des ruches juste à côté de chez eux.
Avant, les ruches appartenaient à différentes familles, mais beaucoup sont parties en ville en espérant vivre une meilleure vie, et les ont laissées. Le rucher est considéré comme sacré, Jeddi inculque bien cela à Anir qui à son tour prend soin des abeilles. Aicha, sa mère, les rares fois où elle sort se rend au rucher qui l'apaise, fredonnant alors, et veillant à ce que les abeilles aient bien à boire. On découvre la vie du Maroc rurale et aride, avec les difficultés d'accès à l'eau potable, les hommes devant trouver de nouvelles sources d'eau et les femmes devant marcher des kilomètres pour la ramener chez elles. Un arganier centenaire fait office de lieu de rendez-vous des habitants du village, où chefs de famille discutent entre eux d'unions, qui fait quoi... Un mode de vie très éloigné du notre en France, ce que j'ai apprécié.
Jeddi passe beaucoup de temps sous cet arganier, ou près du rucher sacré, tous deux éléments primordiaux du récit, les hommes et les femmes accordant une importance capitale à la nature et à leur environnement. On apprend que l'évolution a également touché cette partie du Maroc, le village étant désormais inclus dans un nouveau découpage géographique, dénué de sens pour les habitants qui ont toujours vécu selon qui habite tel terrain etc.. les rues et noms de rues ne voulant strictement rien dire.
On suit notre petit Anir, très souvent dehors vers les ruches qui l'obsèdent, sa relation très forte avec son grand-père, son calme et sa maturité face à l'état de sa mère dont il va en apprendre la raison à la fin du roman. Un bel ouvrage sur la transmission filiale, les abeilles semblables à l'humain de par leur manière de fonctionner, se sacrifiant pour la ruche et pour leur reine, qu'ils n'hésitent pas à évincer.
On suit aussi Omar, le père de Anir à Agadir chez un cousin, lequel lui a promis de lui donner plus de taches dans son entreprise, grâce auxquelles il peut gagner plus d'argent pour ramener à sa famille. On apprend vers la fin du récit la raison tragique de l'état de Aicha.
Un beau roman qui évoque pleins de sujets tristes comme plus heureux, une ambiance douce et calme en ressort, une lecture clairement apaisante bien qu'émouvante que je vous encourage à lire si vous souhaitez en découvrir plus sur la vie dans les villages marocains.
"Souviens-toi des abeilles" de Zineb Mekouar, 19€
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