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Les larmes rouges sur la façade

 Un roman que j'ai intercepté, qui aurait du repartir chez l'éditeur mais qui m'intéressait. Rangé en littérature étrangère car traduit de l'américain, on suit deux hommes: Anjir et Zal, homosexuels, qui s'aiment en Iran. Un crime donc, dans ce pays n'autorisant pas grand chose. Publié au Bruit du monde, maison d'édition que j'aime beaucoup, j'en ai profité pour le lire, ayant adoré "L'oeil de la perdrix" toujours dans cette belle maison d'édition que je découvre toujours un peu plus. Les deux hommes sont donc ensemble, mais ne peuvent se montrer à la face du monde, car en Iran l'homosexualité est interdite et passible de mort. Un jour, Zal est agressé gravement et se retrouve à l'hôpital. Son crime? Il a été vu avec un garçon ce qui n'a pas plu à une bande de jeunes ayant fracassé Zal. 

Anjir se précipite alors à l"hôpital, et découvre le visage tuméfié de celui qu'il aime à qui il manque des dents notamment. Il restera un petit moment dans cet état. Anjir travaille dans l'hôtel de son oncle, s'occupe de la réception, des clients, du nettoyage, lieu qu'il connait bien et dans lequel il se rendait régulièrement avec Zal pour faire l'amour. L'oncle est très souvent aux Etats-Unis, son neveu en profite donc pour faire un peu ce qu'il veut en son absence. Anjir ne peut s'empêcher d'imaginer l'homme avec lequel Zal le trompait lors de la fameuse nuit. Alors que Zal est toujours à l"hôpital, Anjir fait la rencontre de Leyli une femme trans, allant se faire opérer et prenant des hormones. On apprend alors qu'en Iran le gouvernement est bien plus prompt à vous rembourser des soins de réattribution de genre plutôt que d'accepter l'homosexualité. Anjir se dit alors que s'i'l devenait femme, sa vie avec Zal en serait grandement facilitée. Il gardera cette idée durant tout le roman, chose que j'ai trouvée un peu dingue mais compréhensible car en soi, il ne se sent pas mal dans son corps, mais par praticité, par acceptation de son pays pour sa personne, il serait mieux en femme. On découvre alors toute l'horreur et la difficulté d'être homosexuel en Iran.

Anjir rencontre Leyli plusieurs fois, à qui il va même piquer des hormones afin de débuter sa transition. Anjir est un homme qui lit dans les feuilles de thé comme sa grand-mère, un aspect un peu ésotérique. On apprend alors que le père de Anjir trompait sa mère, que son frère est un ancien addict, qu'il est prêt à tout pour avoir de l'argent et que sa mère a subi un accident qui lui a fait perdre la mémoire. La tante d'Anjir de son côté a été lapidée car elle sortait avec un homme marié, et son grand-père est mort en lavant des tapis dans la rivière, le crane explosé contre une pierre. Il dit alors qu'il y a une véritable malédiction des pierres dans sa famille. Ensuite Zal sort de l'hôpital, Anjir le ramenant chez lui faisant toujours attention à ce qu'ils ne soient pas vus, se sentant parfois surveillé. Il s'adonne alors à un acte sexuel avec Zal qui est toujours dans le coltar, celui-ci disparaissant subitement. Anjir part alors à sa recherche. On apprend que Zal est marié à Mahtob qui trompe son mari avec un autre homme: Kaveh, s'étant bien rendu compte que Zal préférait les hommes. 

Le sexe est assez présent dans ce roman, Anjir étant légèrement obsédé et ses actes avec des hommes surtout Zal, étant nombreux. Lors de la soirée où Anjir vole les hormones de Leyli, il part avec un homme, Omid avec lequel il a l'intention de coucher pour rendre la monnaie de sa pièce à son compagnon. Celui-ci travaille au musée d'art contemporain de Téhéran, lui rendant visite suite à son soudain départ. Anjir navigue alors de personnes en personnes pour retrouver son grand amour et le retrouver. Via un glacier, il entre dans un club gay, tout se faisant en secret, lieu où s'est fait tabasser Zal, espérant tomber sur l'amant de celui-ci. Il y croise alors un ancien camarade, habillé en femme. Un monde parallèle évolue alors loin des yeux et de la décence requise par le gouvernement. 

L'aspect homosexuels rejetés et risquant leurs vies est évidemment évoqué, Anjir osant tout de même faire ses affaires, mais j'ai été surprise de voir que la condition des femmes ne l'était pas tellement, le voile forcé, leur quasi disparition de l'espace public n'étant guère mentionné, alors que c'est un élément quand même non négligeable de l'histoire et de la situation du pays. Anjir va retomber sur Leyli ayant subi son opération, et confiant à Anjir que beaucoup de femmes ont été torturées suite à des opérations de changements de sexe. Anjir sait alors à quoi s'en tenir. Il s'approche alors de la femme de Zal et de l'amant de celle-ci pour se rapprocher de lui en quelque sorte. 

Une histoire dense, centrée sur un personnage homosexuel dont la lubie du changement de sexe est très forte, chose qu'il l'envisage plus par praticité que par mal-être profond. J'ai trouvé cet aspect du récit assez perturbant car gros acte chirurgical pour être accepté de la société quitte à se faire lyncher à cause de ça. Cette sorte de voyage initiatique pour retrouver celui qu'il aime, l'amène à faire la connaissance de tout un tas de personnes importantes dans le récit. Un roman assez prenant, un pan intéressant de l'Iran via le prisme d'un homme homosexuel. 



"Les larmes rouges sur la façade" de Navid Sinaki, 22€

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