Aimant bien Amélie Nothomb, j'avais hâte de découvrir son nouveau roman sorti en poche "Psychopompe" qui était sorti lors de la rentrée littéraire 2023 dans laquelle j'ai été plongée quand j'ai commencé en librairie. Je me suis donc dit que j'en emprunterai un à lire tranquillement lors de moments calmes à la librairie, exactement ce que j'ai fait. Comme à son habitude la plus parisienne des autrices belges nous propose un roman autobiographique rempli de réflexions, roman assez court mais intense. J'avoue avoir beaucoup ri, Amélie nous révélant son amour pour les volatiles, la race aviaire, découverte pour la première au Japon alors qu'elle y vivait avec sa famille, avec la grue du Japon.
Il faut savoir que le père d'Amélie était diplomate ce qui l'amena lui et sa famille à habiter à travers le monde, jamais plus de quelques années au même endroit. C'est ainsi qu'Amélie découvrit très jeune le Japon un pays qui resta très cher à son cœur puisqu'elle y retourna deux ans au début de sa vingtaine. Le tout début du roman s'ouvre étrangement sur un conte japonais, je me suis alors clairement demandé ce que j'étais en train de lire. Un conte montrant la cupidité de l'homme à en vouloir toujours plus, même prêt à sacrifier sa propre femme pour de l'argent. Après le Japon, c'est New-York qu'Amélie et sa grande-sœur Juliette découvrirent. Là-bas, elle retrouve les volatiles de son enfance au Japon l'ayant fascinée. Amélie est une enfant très curieuse, prête à tout essayer. Sa passion des oiseaux, puis de la danse, tentant de développer ses compétences en danse classique, entreprise ne s'annonçant guère concluante mais ne renonçant pas, allant même jusqu'à porter partout tout le temps, les chaussons que lui a dédicacés sa ballerine préférée.
Amélie nous partage pleins d'anecdotes relatives aux oiseaux, ce roman évoquera beaucoup les volatiles je préfère vous prévenir. Comme le fait qu'on oiseau doit manger trois fois son poids par jour s'il veut voler. Que donc l'expression un appétit d'oiseau est complètement fausse car au contraire, il doit beaucoup manger pour survivre. Après les Etats-Unis, c'est au Bangladesh que la famille Nothomb atterrit. Un pays très pauvre où la mort est omniprésente, les conditions de vie difficiles, mais la famille d'un diplomate vit elle dans de bonnes conditions tout de même. A chaque fois que les Nothomb prennent l'avion, la peur de périr est bien présente, très forte chez Amélie. Ils se rendent régulièrement dans la seule station balnéaire du pays, Cox's Bazar. La mer est là, mais également des lépreux, dont la famille de la célèbre romancière doivent s'occuper. Beaucoup de phrases et de situations sont alors très drôles, Amélie et Juliette préférant réviser leurs déclinaisons latines plutôt que s'occuper des lépreux présentant des cas graves et choquants pour nos deux enfants. Leur grand-mère vient même leur rendre visite au Bangladesh, Amélie écrit: "Cette femme d'une méchanceté olympique éprouva la curiosité de constater de ses propres yeux la pauvreté du pays. Elle ne fût pas déçue... C'était un spectacle d'assister à la sortie des eaux du débris qui revenait vers sa famille" J'ai beaucoup ri à ce moment, Amélie nous montrant qu'elle n'aimait guère cette vieille femme apparemment pas bien sympathique.
Cependant, en cherchant un élément sur Internet je me rends compte que je n'avais pas compris une scène du roman, pensant que Amélie avait failli se noyer dans la mer appelant ses agresseurs "les mains de la mer", l'ayant en fait violée sur cette même plage où elle se baignait avec sa famille. En relisant la page je me rends alors compte que effectivement alors âgée de 12 ans, trois personnes la violèrent, sa mère n'en parla plus jamais, l'arrachant des griffes de ses agresseurs. Pensant devenir folle Amélie ne le fut finalement pas "la violence des mains de la mer avait arraché la coquille, je n'étais plus l'œuf que j'avais été.
Au Bangladesh, elle fait la découverte de tout un tas de nouvelles espèces d'oiseaux, sa curiosité en étant d'autant rassasiée. Elle adopte même un oiseau, Sirocco qu'elle aimera beaucoup et avec lequel elle fait des concours contre celui de Dahlia, fille de l'ambassadeur d'Egypte. Quelques moments vraiment drôles où une petite fille étanche sa passion jusqu'au bout. Un peu plus tard dans le livre, Amélie toujours grandement fascinée par les volatiles nous fait part de son envie de devenir oiseau, car ils sont libres, majestueux. Qu'elle se sent un peu oiseau et psychopompe. Le psychopompe étant celui qui accompagne les âmes dans la mort. La fameuse grand-mère meurt et elle souhaite invoquer les mots de sa grand-mère disant "fallait-il que je sois cloche pour ne pas réussir à contacter la déesse locale", étant fâchée contre elle-même alors que le pays est empreint jusqu'à l'os de la mort.
Ensuite c'est en Birmanie puis au Laos que la famille belge ira vivre toujours pour le travail de Patrick Nothomb. Un homme doux et proche de sa fille qui la soutiendra sans cesse même devant ses quelques excentricités et obsessions. Amélie ne pensait pas trouver d'endroits plus éloignés de tout que le Bangladesh mais si. Au Laos, piégée par le Mékong, elle se sent l'âme d'une psychopompe ratée. "Traverser le fleuve est inenvisageable. Tu vas mourir". Ensuite c'est le retour au pays maternel. Avant de retourner au pays du soleil levant. Amélie commence alors à écrire et nous partage sa difficulté des premiers manuscrits, des refus, disant ainsi "écrire c'est voler", disant ainsi qu'en écrivant elle atteint un, état proche de l'élévation et a donc l'impression de voler.
Elle dit "Le privilège absolu c'est décrire". Il n'y a pas de grâce plus élevée" La publication est parfois un plus, une détérioration du plaisir initial." On se sent alors plus proche d'elle, sachant que même la célèbre romancière a eu du mal au début, avant d'entrer dans la grande famille Albin Michel. Elle nous parle ensuite de la mort de son père, de sa volonté de rester proche de lui, de continuer de le sentir à travers son âme.
Comme à son habitude, l'autrice reste fidèle à elle-même avec un beau roman, de la sincérité mais également de l'originalité comme il est courant d'en trouver chez l'autrice. Certaines situations comme celles du viol ne sont pas racontées de façon crue ou difficile mais avec des métaphores, la rendant plus digérable. Un roman que j'ai beaucoup aimé
"Psychopompe" de Amélie Nothomb, 7.90€
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