Le second roman coréen que je lis coup sur coup après le très mignon "Une saison à l'atelier de poterie", mais qui pour le coup était bien différent. L'autrice de "Lemon" que j'avais également bien aimé nous présente un autre roman dont l'ambiance est assez sombre, parlant de sujets comme la famille, l'alcool, la difficulté de grandir mais également la pauvreté, le suicide, la rupture amoureuse.
Dans ce roman donc que j'ai interpellé à la librairie publié aux éditions de La croisée, ayant publié notamment le génial "S'aimer dans la grande ville" de Park Sang Young, on suit Son Mi Ok, adulte la vingtaine, se remémorant des moments de sa vie. La jeune fille vit dans ce qu'on appelle un semi sous-sol, logements assez précaires en Corée car humides, petits et situés sous le sol dont les fenêtres donnent sur le trottoir. Le premier chapitre appelé "la chambre humide" est une description de ce logement précaire dans lequel vit la jeune fille et duquel elle doit bientôt partir. En expliquant comment se présentent les lieux, notre protagoniste nous offre une ambiance assez cinématographique, le lecteur s'imaginant complètement l'intérieur des lieux, avec la couette sale, rarement lavée, la précarité de cet habitat.
Mi Ok se rappelle son enfance, avec son père alcoolique ayant contracté des dettes, marin de métier, présent que deux mois par an chez lui avec sa femme et ses deux filles. Plutôt proche de Mi Ok l'homme lui donnait un peu d'argent de poche quand il refusait d'en donner à sa femme qui devait se débrouiller pour faire les repas comme elle le pouvait, d'autant que pendant des années, toute la famille vit avec les sœurs de sa mère, la grand-mère, les cousins suite à des difficultés financières. L'aspect famille mais plutôt à cause des convenances est largement évoqué dans le récit. La difficulté de trouver sa place pour Mi Ok entre sa sœur, son cousin qui mange comme six alors qu'il n'est même pas chez lui, sa mère se réfugiant souvent au monastère...
Le récit est entièrement basé sur des réminiscences de souvenirs de notre protagoniste entre sa famille dysfonctionnelle, ses années lycée où elle se cherchait sexuellement, attirée par une amie à elle, son entrée à l'université marquée par une gueule de bois au bar, sa première relation avec un camarade du nom de Han Yeong qui part ensuite au service militaire. Quelques scènes sont assez explicites au niveau sexuel, chose rare chez les coréens, le début de la découverte de sa sexualité, se première relation. Mais aussi la rupture et l'ex qui a l'air de mieux vivre cela qu'elle. C'est aussi ses études, ses amis, le début de sa vie d'adulte guère simple, avec des travails difficiles, à l'usine puis comme agent d'entretien pour ensuite travailler dans un laboratoire où elle fait tout. Elle prend son indépendance de sa famille anxiogène et assez malsaine pour son épanouissement.
La naissance de Mi Ok a été signe de bon augure, le père ayant vu un oiseau bleu au moment de l'accouchement, marquant un bon présage. Pour autant la vie de la jeune fille est-elle autant glorieuse et belle que cela?
Un roman assez lourd et dur évoquant pas mal de sujets, appréciant que l'autrice n'hésite pas à parler de sujets rarement évoqués en Corée. J'ai passé un bon moment lors de la lecture de ce roman que j'ai pris mon temps à lire.
"Un éclair bleu azur" de Kwon Yeo Sun, 20€
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