Un très beau roman coréen autant à l'intérieur qu'à l'extérieur, l'ayant reçu depuis un moment et m'étant dit que je le lirai très sûrement en décembre ou après. C'est du coup fin janvier que j'ai lu cette mignonne petite histoire avec quand même une vraie histoire et un vrai fond.
Comme son nom l'indique "Une saison à l'atelier de poterie" écrit par Yeon Somin, parle donc d'un atelier de poterie que découvre un jour notre protagoniste principale Jeongmin, ayant travaillé des années durant pour une chaîne de télévision en tant que rédactrice, s'étant tué au travail pendant sept ans avant de décider d'arrêter. Elle s'octroie désormais du temps libre, et en profite pour ne pas faire grand chose dans son appartement qu'elle ne quitte guère. Elle vit dans la ville de Ilsan, ville située à l'ouest de Séoul que je connais un peu m'y étant rendue à plusieurs reprises et ayant une amie qui vit là-bas. Ca m'a fait très drôle de voir écrit dans ce livre des villes comme Ilsan ou Paju, des villes que les coréens proches de Séoul connaissent. Jeongmin se décide donc un jour à quitter son antre, pensant se rendre dans un café, mais elle tombe en fait sur un atelier de poterie. Accueillie par Johui la responsable et Jihye une élève fidèle, elle décide de se mettre à cette activité à laquelle elle s'adonnera deux jours par semaine les mardis et jeudis avant de venir aussi quelques samedis pour cuire ses réalisations.
Le quotidien de Jeongmin change désormais du tout au tout, sortant donc pour se rendre à l'atelier en début d'après-midi. Au début elle est très sceptique quant à cette nouvelle activité, qu'elle n'a jamais faite auparavant. Elle découvre donc l'atelier Soyo situé dans le quartier du village aux épines de châtaigne, que je visualise très bien, car l'autrice a dit le nom de la station de métro la plus proche c'était d'ailleurs bien drôle. L'atelier est fréquenté par quelques habitués dont Jun, un lycéen très doué, Jihye une jeune femme, Gisik, un homme passionné ayant pour ambition d'ouvrir rapidement sa propre boutique. Le premier cours est forcément difficile pour notre nouvelle recrue qui ne croit guère en ses capacités, voyant les autres élèves autour d'elle utilisant un tour, mais pour son cas, elle devra attendre plusieurs mois avant de s'en servir. Elle se fait donc à ce nouvel environnement, n'étant plus habituée à côtoyer du monde. Heureusement les élèves et la professeur sont sympathiques, et avec le temps elle va se rapprocher d'eux.
Les semaines s'écoulent, l'été d'abord, puis l'automne et l'hiver. Jeongmin s'améliore, après plusieurs essais fructueux qui ne verront jamais le jour, n'ayant pas résisté à l'épreuve du four, cuisant les créations en argile à 1250 degrés. On a donc beaucoup d'explications sur cet art de la poterie, j'ai appris pleins de choses très intéressantes. Jeongmin se met en tête, aidée de Johui de créer des verres à soju, des petites assiettes, des objets dont elle aura l'utilité. Dépendamment de la température, de la cuisson au four et de divers éléments indépendants de sa volonté, le produit final ne ressemblera jamais à celui du voisin, qui fait de la poterie un art difficile et inattendu.
Un samedi, activité plus intense chez Soyo que les mardis et jeudis, Jeongmin tombe sur un homme handicapé qu'elle reconnait comme étant Guwon, le père d'une ancienne amie à elle, Juran, de laquelle elle s'est éloignée. On va apprendre qu'à cause du père de Jeongmin, Guwon s'est retrouvé en fauteuil roulant amputé d'une jambe. Que Jeongmin n'a plus de contact avec son père, plus guère avec sa mère non plus, tenant un restaurant de jokpal (pieds de porc) à Séoul. Cette rencontre est très dure pour Jeongmin qui a toujours porté la responsabilité en elle de ce tragique accident. Juran de son côté fait comme si de rien n'était et les deux jeunes filles se reparlent brièvement. Un jour, Jeongmin découvre Hoya, un petit chat que Johui a pris sous son aile ainsi que les autres membres sauf Gisik qui en est allergique. Elle fait la connaissance de Yeri également, âgée d'une dizaine d'années, qui adore ce chat mais est inquiète quant au fait qu'il n'ait pas de maison. Jeongmin le prend donc chez elle.
Un nouveau rythme s'installe entre les cours à l'atelier, réussites et échecs quant à ses réalisations, discussions avec les autres élèves, la présence nouvelle de Hoya chez elle, qu'elle se promet de ne garder qu'une semaine, les repas à l'atelier les samedis midis où Gisik et elle-même vont chercher à manger, des sushis, sandwichs, ou bien des gimbap. La rencontre de l'autre est prépondérante dans le récit, notre protagoniste ayant perdu foi en elle-même et les autres, n'ayant jamais réussi à se lier avec autrui que ce soit amicalement ou amoureusement. Gisik partage avec elle son rêve d'ouvrir un café atelier dans sa ville natale de Goseong qu'il ne pensait jamais revoir. Il lui partage sa bonne adresse d'un café proposant des parfums de glace tous plus originaux les uns que les autres, certains disparaissant de la carte pour toujours.
Ces cours vont être l'occasion pour Jeongmin de réaliser des choses par elle-même et sur elle-même, qui vont l'amener à plus se comprendre. Tous les élèves se confient sur leurs vies personnelles, leurs projets, leurs vécus, leurs peines. L'hiver arrive et la classe se met en quête de proposer des œuvres à vendre lors d'un marché de Noel. L'occasion également pour une des élèves les plus assidues du cours de partir de la Corée pour réaliser ses rêves. Johui, professeur et potière renommée se confie également sur sa vie et la tragédie l'ayant touchée plusieurs année auparavant la forçant à ne plus proposer de cours à la journée.
Une jolie lecture qui fait du bien, même si tous les personnages ont leurs problèmes et que certaines situations sont vraiment tristes, l'art de la poterie, et le maniement de l'argile apportent de la douceur et de la beauté à ce roman que je ne peux que vous conseiller. Un roman très visuel quant aux scènes de création des poteries que ce soient des assiettes, des verres, des vases, tous types de créations voient le jour.
"Une saison à l'atelier de poterie" de Yeon Somin, 20.90€
Commentaires
Enregistrer un commentaire