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L'arabe qui sourit

Un titre au moment où j'écris qui n'est pas encore sorti, mais qui le sera au moment où je le programme. Un envoi récent de la part de Flammarion dont j'avais bien aimé la rentrée littéraire automnale, dont je vous avais proposé deux vidéos: la première et la seconde. J'avais donc assez hâte d'en lire de nouveaux, n'ayant toujours pas lu au moment où j'écris les quelque trois ou quatre autres reçus pour les sorties entre janvier et février, mais que je compte découvrir petit à petit. 

J'avais été intéressée par le titre "L'arabe qui sourit", l'histoire d'un homme sorte d'apatride, tiraillé entre sa Syrie natale dans laquelle il ne peut pas retourner au vu de la situation politique, le Liban où il a vécu, mais vivant une grosse crise économique, et choisissant la France comme nouveau lieu de vie. Un pays qu'il a adopté. Au début du roman on apprend que notre protagoniste avait un ami très cher à son cœur, Naji, un syrien tout comme lui ayant fui le régime syrien de Bachar-Al-Assad pour la sécurité du Liban. Un pays frontalier accueillant à cette époque beaucoup de réfugies politiques, vivant dans des camps reclus, en dehors des grandes villes. Le Liban était alors prospère, vu pour un syrien, comme un lieu de paix.

Les deux amis diplômés de chimie et d'architecture d'universités de Damas, vivent désormais au Liban, sachant très bien que leur nationalité, leur existence même est discriminée par les libanais. Le Liban ayant un passif particulier quant aux ethnies et religions en comptant la présence française au début du siècle, chrétiens et musulmans cohabitent donc, les différends entre sunnites et chiites amplifiant les violences. Le blanc chrétien est donc supérieur au libanais chiite ou sunnite, mieux vaut être chrétien que musulman dans ce pays de par les frictions chiites/sunnites, le chrétien qui est supérieur lui-même aux réfugiés syriens et irakiens, supérieurs eux-mêmes aux personnes noires. Une véritable hiérarchie s'instaure dans ce pays, vivant dans le moment présent une énorme crise économique, de par un régime politique peu fiable et instable, causant un difficile apport des ressources comme eau et électricité au sein des foyers. 

Cette cohabitation d'ethnies n'est guère évidente, mais notre narrateur et Navi restent proches, unis. Notre narrateur rêve de France tandis que son ami préfère rester au Liban. Notre narrateur vivra donc 10 ans en France, proche de la Rochelle, ayant ce besoin d'être vers la mer. Il y exercera sa profession de parfumeur, sa vie entière étant dédiée aux odeurs, tentant de recréer des fragrances de son pays natal, la Syrie où il n'est jamais retourné depuis l'université, y ayant laissé sa famille. Des odeurs de rose, d'oud, de fleur d'oranger, typiques des pays orientaux se précipitent dans son cerveau. Il se crée donc un tout nouveau quotidien dans ce pays dont il apprend la langue, jonglant alors entre français, arabe et même anglais, un homme moderne, devant s'adapter. Il ne veut pas retourner dans son pays parti en fumée, et préfère en garder de bons souvenirs, de ce qu'il était avant. 

Il apprend un jour la mort de son précieux ami Navi, et retourne alors précipitamment au Liban. Il retrouve alors Delia, une amie des deux hommes, italienne, dont la famille possède des origines juives et tunisiennes, vivant au Liban une femme citoyenne du monde qui a choisi le Liban plutôt que l'Italie, malgré les difficultés de vie. Là-bas elle s'y est fait des amis, s'est créé une vie et ne se voit pas partir. Elle est photographe, et est très impliquée dans la cause des réfugiés syriens. On retrouve alors dans ce roman un rapport avec "Pays amer" de Georgia Makhlouf de par le métier de photographe de la protagoniste principale au Liban. 

Notre narrateur vit alors quelques jours durant chez la jeune femme pour réfléchir à quoi faire du corps. La jeune femme est perçue comme une "pute", une étrangère de quasi 30 ans toujours pas mariée qui reçoit un homme chez elle. On voit alors que certains us et coutumes ont la dent dure. Les deux jeunes gens se sentent exilés où qu'ils aillent, ils partagent leurs ressentis, leurs vies, aimant tous les deux profondément le jeune défunt, dont les dernières volontés étaient d'être enterré sur la terre de ses ancêtres, la Syrie. Un pays actuellement compliqué pour s'y rendre, ils vont devoir ruser, mentir, et faire appel à un passeur. Les frontières sont en effet surveillées, des pots-de-vin s'échangent pour pouvoir accéder au pays. 

Delia et notre protagoniste nous plongent dans l'univers du Liban, et de ce qu'ils connaissent, disant à quel point les pays orientaux sont extrêmes: ils pleurent leurs morts durant des jours, organisent le plus beau mariage pour en mettre pleins les yeux à toute la ville quitte à s'endetter, aiment d'une façon démesurée une femme qu'ils ont rencontrée la veille, lui jurant amour éternel. Une véritable terre des extrêmes, sûrement de par leur histoire, leur passif, leur climat. Notre protagoniste doit donc choisir entre un pays démocratique et libre, la France, ou un pays en pleine crise économique majeure et victime de censure, le Liban. 

Des jours durant, les deux se rapprochent, organisent leur prochaine excursion en Syrie pour réaliser les dernières volontés de cet homme qu'ils aimaient tant. Une épopée dangereuse qui risque de mal se terminer. Notre héros se rend alors compte qu'il crée des parfums pour se souvenir des odeurs de son enfance, mais finalement, rien ne sert de regretter ce temps, ce pays qui ne lui permet aucune liberté. Une véritable prise de conscience. 

Un texte beau, que j'ai mis deux jours à lire, fort et amenant à réfléchir à nos racines, notre pays de naissance, mais également à l'adaptation parfois obligatoire de personnes devant quitter leurs terres pour éviter la mort. Un roman que j'ai beaucoup aimé, qui en plus du Liban parle de la Syrie où la situation y est encore plus préoccupante, ainsi que de la France, seul pays véritablement démocratique parmi les trois. Un texte sur l'amour, l'amitié, les sacrifices, l'adaptation, l'amour et le respect des siens et des autres. 

 


"L'Arabe qui sourit" de Omar Youssef Souleymane, 20€

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