Un titre reçu récemment de la part de la représentante Grasset qui me l'a conseillé, avec "Tout contre elles" de Marie Chiabrero, un roman sur l'enfance, l'adolescence, l'avortement, une lecture que j'ai faite d'une traite un dimanche, quelques jours avant la sortie du roman. Dans ce roman de 200 et quelques pages, on suit Marie, enfant au début du récit, qui a envie rapidement d'être une femme. Elle mange ses légumes sans faire d'histoires, se laisse pousser les ongles, a hâte de faire comme maman et d'être une adulte. Or elle doit encore attendre, n'étant encore qu'à l'école maternelle. Elle a plus que hâte de voler de ses propres ailes.
Les années passent, Marie est une enfant curieuse et intelligente, elle saute même une classe, souhaite à tout prix un petit frère, un autre être humain dont elle s'occupera, qui sera comme son propre enfant, avant de déchanter et de réaliser que malheureusement cet enfant est celui de ses parents, et qu'il ne lui apporte finalement que des misères. Elle n'est plus la place de choix de ses parents, le bébé prend de la place et fait du bruit, elle doit partager son espace avec lui, elle qui aime tant avoir le sien. Marie grandit, on la suit à l'école, sur les pistes de ski avec son père, les premiers émois de l'enfance puis de l'adolescence, son rapport avec ses parents: plutôt calme avec son père mais plus conflictuel avec sa mère, restant majoritairement à la maison, travaillant comme scénariste.
Les premiers chapitres sont consacrés à l'enfance de ses grands-parents, puis de sa mère pour en comprendre plus sur la famille de Marie ainsi que son rapport avec eux. Elle compare sa mère à une énorme masse, sous les draps, suite à une opération des yeux qui ne lui rendra jamais sa vision d'un des yeux. Tandis que la maladie de sa mère empire, Marie prend son indépendance, colore ses cheveux, se maquille, fume des joints avec sa bande de copines alors qu'elles ont 13 ans et sont en colonie. Ses trois amies sont toutes très différentes d'elles mais participent à son évolution. Une est élevée par sa grand-mère, sa mère n'étant plus dans le paysage, une est issue d'une famille très croyante, et toutes les quatre elles commencent les quatre cents coups. Marie lors de sa première année de collège s'éprend d'un garçon d'un an plus âgé qu'elle, avec lequel elle apprend les codes: un smack, ne rester qu'avec sa bande de copains et ne rien faire. Ca ne lui convient pas trop. Sa mère continue de l'épier, de fouiller dans ses affaires, de la critiquer tandis qu'elle se rend compte que sa fille s'est transformée en "petite pute".
Une attitude de reproche et de confrontation entre la mère et la fille, rappelant à la mère ce qu'elle avait vécu des années auparavant quand elle avait elle-même découvert que son père trompait sa mère et avait même eu un enfant issu de cette relation extra-conjugale, habituée depuis à surveiller autour d'elle et à avoir peur.
Ce sera ensuite Abel un garçon un peu plus âgé très populaire, mais n'hésitant pas à aller à droite et à gauche, tandis que Marie fait sa première fois avec lui alors âgée de 13 ans. Se rendant à l'infirmerie scolaire, elle se rend alors compte qu'elle est enceinte de ce garçon, qui l'accompagnera aux rendez-vous médicaux pour la faire avorter. Une décision dont elle choisit de ne rien dire à ses parents, son rapport avec eux s'éloignant, devant attendre plusieurs jours entre le premier rendez-vous et l'avortement opératoire, temps durant lequel elle devra faire semblant d'être une jeune ado contente de faire du ski avec ses parents. Heureusement l'infirmière scolaire, Lala sera présente pour elle pour l'accompagner.
Une lecture sur l'enfance, l'adolescence, cette volonté à tout prix de grandir vite, d'être indépendante quitte à tout faire trop vite et de se brûler les ailes. Le processus d'avortement est bien décrit dans ce roman, devant se faire accompagner par un majeur, ressentant le jugement et l'attitude assez rustre et pressée de certains soignants, tandis que d'autres sont à l'écoute et gentils.
"Tout contre elles" de Chiara Chiabrero, 20€
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