Un titre chez Grasset, cela faisait longtemps. J'en reçois moins qu'avant, mais comme la repré m'en avait fait parvenir un pas encore sorti, que je suis d'ailleurs en train de le lire en ce moment, je me suis dit que ce serait sympa de proposer une vidéo rentrée littéraire Grasset avec un autre titre. J'ai donc lu d'une traite ce titre qui m'avait rendue curieuse de par son titre plutôt clair "Un arabe" de Oscar Coop-Phane, un auteur dont j'ignorais tout, dont je lis seulement le premier roman. Une lecture assez courte mais qui avait l'air franchement intéressante.
Je l'ai donc lu une fin de semaine assez calme, d'une traite, et je l'ai beaucoup aimé. Comme l'indique le bandeau, il s'agit d'une vraie chasse à l'homme, débutée par des rumeurs de vol d'une vieille dame. Seule chez elle, la retraitée avertit en effet ses voisins que sa carte bleue et 45€ ont disparu, qu'elle a vu quelqu'un proche de chez elle, l'accusant. Les voisins directs sont les frères Patrick et Daniel, initiant cette chasse à l'homme, contre le seul étranger du village, un arabe, qu'ils nomment "l'autre". Un homme dont on ne sait pas grand chose, mais dont l'identité va peu à peu se dessiner.
Le récit est construit avec des chapitres très courts, seulement quelques pages, centrés à chaque fois sur un personnage, un homme, qui va prendre part à cette chasse à l'homme absurde, sans fondements. Un homme plus ou moins vieux, jeune DJ, ou bien banquier, un père et son fils en froid, un chef d'entreprise ayant réussi, un homme et son chien, un employé du McDo, un autre violent avec sa compagne ayant même placé un traqueur sur son téléphone, tous types de profils, participant à cet incident. Franck, Patrick, Daniel, Laurent, Sami, Jordan, Fred, Simon, Louis, Bertrand et les autres tous sont responsables. Chaque chapitre nous permet donc de découvrir un homme de plus responsable de cette chasse à l'homme contre un homme qui ne fait pas de vagues, dont ils ne savent pas grand chose mis à part qu'il vit en couple avec Virginie, une jeune femme esthéticienne vivant tous deux au dessus du selon de la jeune femme.
Grâce aux moments de points de vue de "l'arabe", du nom de Mokhtar, on apprend qu'il a deux filles avec une femme dont il est séparé, habitant en Suisse avec ses filles et son nouveau compagnon. Notre "étranger" vit donc loin de ses filles, vivant de petits boulots étant actuellement au chômage et vit en couple avec Virginie. Une union plutôt heureuse, étant un homme simple et gentil, ne causant pas de vagues. Pourtant, les propos de la vieille vue comme la victime idéale, cet amas d'hommes réunis, lancés par cette idée de "vengeance" et cet esprit de groupe n'arrange pas les choses. Ils se précipitent donc les uns après les autres, découvrant la situation, aux trousses de Mokhtar qui n'a pas de nom jusqu'à la fin. Il est simplement "l'arabe" ou "l'autre".
Chaque homme essaye d'en savoir plus sur la situation, étant impliqué de façon plus ou moins importante dans le récit mais tout autant responsable de la situation finale. Heureusement Virginie, la seule femme active du récit permet de redresser le niveau, tout comme un jeune homme, son voisin, un des rares à protester contre cette injustice.
Un texte vif, puissant sur l'absurdité d'une situation injuste prenant des proportions inconsidérées, basées sur aucunes preuves mais seulement sur les présomptions d'une vieille dame. Un roman qui se lit d'une traite, caractéristique de l'effet de groupe, et des à-priori stupides dans l'esprit de certains.
"Un arabe" de Oscar Coop-Phane, 18.50€
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