Un roman que je souhaitais lire depuis plusieurs mois, depuis que je l'ai acheté en version anglaise en Corée et surtout depuis que Han Kang, autrice coréenne a reçu le prix Nobel de littérature pour l'ensemble de son œuvre. J'ai dans le projet très bientôt de vous proposer une vidéo entièrement consacrée à elle, donc j'attendais de lire celui-ci ainsi que son nouveau recueil de poésie et un autre qui sort en poche au moment même où j'écris. Ayant lu "Impossibles adieux" et "Celui qui revient", deux récits engagés sur l'histoire de la Corée et le devoir de mémoire, deux récits difficiles, j'avais envie de lire le fameux "La végétarienne" qui est moins dans une ambiance d'histoire, de mémoire, mais parle de sujets quand même assez engagés.
Déjà, comme son nom l'indique, on suit une femme, Yeong-hye qui un matin suite à un rêve qu'elle a fait, décide de devenir végétarienne. Son mari avec lequel elle est mariée depuis cinq ans plus par convenance que par réel amour, la trouve un matin en train de jeter tout ce qui a rapport à la viande dans leur cuisine. L'homme ne comprend pas ce que sa femme si calme et docile habituellement est en train de faire et s'énerve. La première partie du roman est centrée autour du point de vue du mari par rapport au début de végétarisme de sa femme. Elle lui annonce calmement qu'elle a fait un rêve et que depuis elle ne peut plus manger de viande, que l'idée de mettre un morceau d'animal dans sa bouche la répugne. Le mari doit aller travailler donc n'a guère le temps de parlementer, mais cela deviendra un sujet de friction entre eux. Il abusera de son rôle d'homme, la société coréenne étant encore très patriarcale, n'hésitant pas à plusieurs reprises à avoir des relations sexuelles non consenties avec Yeong-Hye, et à la frapper quand elle ne fait pas ce qu'il aimerait qu'elle fasse.
Toute la famille va au fur et à mesure commencer à s'en mêler entre les parents, surtout le père forçant sa fille à manger de la viande lors d'un repas en famille, la mère ne disant guère grand chose. Son frère s'en mêle aussi ainsi que sa sœur In-Hye, heureusement la seule alliée qu'elle aura dans cette "épreuve". In-Hye responsable d'une boutique très occupée, dont le mari est pseudo artiste et ayant tous deux un fils. C'est elle qui s'occupera de sa sœur quand elle commencera à aller mal. On apprend que Yeong-Hye a voulu se suicider un jour, alors qu'elle était chez sa soeur et son beau-frère et que depuis elle a une marque au poignet, rappelant à chaque fois à son entourage ce qu'elle a voullu faire.
Yeong-hye ne mange quasiment plus rien, elle mange les banchan, plats d'accompagnement, souvent composés de légumes, mais à part ça, elle ne mange quasiment plus. Son beau-frère, le mari de In-Hye, artiste mais ne gagnant guère sa croûte, propose à sa belle-sœur un jour, de la peindre, dans un studio qu'il loue à un ami. Il peindra directement sur son corps nu, ce dont elle se fiche, des fleurs. Une véritable œuvre d'art se crée alors sur son corps, lui demandant de ne pas se laver pour qu'il continue le lendemain, accompagné d'un ami. Très docile, notre héroïne se laisse entièrement faire, peu choquée d'être entièrement nue. Cet ami va se soumettre également à la séance pour le moins singulière, bien qu'il commence à trouver ça franchement bizarre, au fur et à mesure que l'artiste donne des consignes à ses sujets de positions, relativement à caractère sexuelles. La séance se déroule, sous les yeux aguerris de l'artiste, n'hésitant pas à filmer son œuvre, comme si les sujets se transformaient véritablement en plantes.
Parce que le roman est à propos de cela. Une femme qui suite à un rêve, enlève toute viande de son quotidien, et pense qu'elle devient une plante. Dit comme ça c'est étrange, mais au fil de la lecture ça ne l'est pas tant que ça, et le roman parle de pas mal de sujets dont on parle peu en Corée comme la pression familiale, les violences conjugales, le suicide, la dépression, la tromperie et tant de sujets trop souvent ignorés au pays du matin calme.
Un roman qui est un véritable miroir de la société avec ses côtés les plus sombres, une femme à qui on ne donne jamais la parole, uniquement vue par le prisme de ses proches soit malveillants ayant une véritable emprise sur elle, ou encore tout simplement lâches n'osant rien faire comme son frère. Heureusement sa sœur In-Hye sera la seule bienveillante et véritablement inquiète à son sujet suite à son hospitalisation. Un roman que j'ai lu d'une traite, que j'ai beaucoup aimé.
"The vegeterian" de Han Kang, version anglophone, 17$ ou en français: 7.90€
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