Un roman sorti début mars que j'avais hyper hâte de découvrir. Pourquoi? De par la très belle couverture, le fait que ce soit un titre publié chez "Le bruit du monde", maison marseillaise que j'aime particulièrement, dont je vous ai même partagé récemment une vidéo entière sur trois titres issus de la maison d'édition, et le fait que le roman se déroule en Amérique du sud, continent avec lequel je suis le moins familière. Je n'ai en effet quasiment jamais lu de romans se déroulant dans un pays d'Amérique du sud ou que très peu, le dernier en date étant un roman argentin, "Les suicidés du bout du monde".
J'avais donc hâte d'élargir mes horizons étant essentiellement cantonnées France et Europe, Etats-Unis, Moyen/Proche-Orient, Maghreb et Asie. C'est pas mal mais la littérature permet d'ouvrir l'esprit, et de faire découvrir de nouvelles choses et nouveaux endroits c'est pourquoi j'avais hâte d'en savoir plus sur un continent que je connais mal. Le roman se déroule donc au Venezuela et en Colombie. Deux pays encore actuellement où la situation politique et sociale n'est pas stable, entre les cartels de drogue en Colombie, l'insécurité, mais également au Venezuela où la situation est encore pire avec une économie en crise: la monnaie ne valant plus rien, une famine, une pauvreté, un exil vers la Colombie, une insécurité, tortures, arrestations et plus largement un manquement aux droits de l'homme. En ce moment d'ailleurs, il est quasiment impossible de s'y rendre... C'est dans ces conditions donc que le récit se déroule.
On suivra donc dans ce beau roman, le portrait de trois femmes: Sol, colombienne, Gilda italienne installée en Colombie et Yulimar vénézuélienne fuyant son pays pour la Colombie. Au début du récit on apprend que Sol, d'une quarantaine d'années, tient d'une main de fer un business de créations de vêtements pour chiens, ayant à son actif plusieurs boutiques, embauchant des dizaines de personnes, entreprise prospère et lucrative. Elle vit avec sa fille Felicidad, âgée d'une vingtaine d'années, en fauteuil et handicapée. Le mari de Sol est parti, et elle s'occupe désormais seule de sa fille, ayant quelques histoires à droite à gauche. Yulimar de son côté, vit de l'autre côté de la Cordillère des Andes fameuse chaîne de montagnes s'étalant sur 7150 kilomètres. Elle est vénézuélienne, ce pays en pleine crise qui ne la laisse sans grand espoir pour l'avenir. Elle a un fils, qu'elle laissera à sa mère, décidant alors de tenter sa chance de l'autre côté des Andes, en Colombie.
Un vrai exode a alors lieu du Venezuela vers la Colombie, des milliers de personnes chaque jour traversent le pont puis les Andes pour tenter de vivre plus confortablement de l'autre côté. Yulimar quitte donc son fils et sa mère, chaussée de ses crocs rose et sa valise de la même couleur. Le trajet est périlleux, des histoires tournent quant à des hommes en profitant pour vous voler votre argent, et des femmes et des enfants se faisant violer aux yeux de tous. Heureusement pour Yulimar rien de tel ne lui arrivera avant son arrivée en Colombie. Elle arrive plus ou moins saine et sauve, quittant sa ville de Valencia direction Bogota. Pendant plusieurs semaines elle vit très pauvrement, uniquement vêtue de ses vêtements et sans beaucoup d'argent, jusqu'à ce qu'elle reçoive une mystérieuse envelopper pleine d'argent d'un inconnu bienfaiteur. Elle commence alors un travail de livraison de nourriture, rencontrant alors pour la première fois Gilda.
Gilda MacKintosh, italienne de naissance, dont le père revendiquait sa soi-disant filiation avec Bolivar, est une femme accomplie. Installée en Colombie et travaillant pour les Nations-Unies, elle est chargée de projets humanitaires venant en aide aux réfugiés notamment vénézuéliens, en contexte de grosse crise économique. Engagée dans cette lutte, elle garde espoir de pouvoir aider ses voisins, travaillant pour un homme d'origine française. Vivant dans un beau penthouse, sans problèmes financiers Gilda prendra sous son aile Sol, et Yulimar à qui elle donnera un gros pourboire. En effet de son côté Sol, notre entrepreneuse acharnée perd un jour tout. Ayant vu plus gros que ce qu'elle pouvait gérer, et surtout ayant vécu du plagiat de la part d'une nouvelle entreprise trendy, elle se retrouve en grand manque financier, elle tente alors un entretien avec Gilda qui l'embauchera.
Ce roman nous fait donc suivre les vies de ces trois femmes, qui au début ne se connaissent ni d'Eve ni d'Adam, mais dont la route et le destin va les mettre sur les traces des unes et des autres. On a aussi des moments du récit concernant Simon Bolivar lui-même, conquistador et général vénézuélien du XIXème siècle. Grâce à ces moments du récit, on en apprend plus sur la genèse de la création de l'état vénézuélien.
Un roman lumineux avec de l'espoir, des femmes qui se battent et ne se laissent pas abattre, des figures fortes évoluant dans des sociétés assez oppressantes et insécurisées, faisant de nombreux sacrifices par amour et espoir d'une vie meilleure pour elles, et leurs familles. Une lecture qui nous en apprend beaucoup sur les situations des pays que sont la Colombie et le Venezuela. Une lecture que je ne peux que vous conseiller si vous êtes curieux ou amoureux de l'Amérique du Sud.
"Le manège des Andes" de Alexandre Lasheras, 21€
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